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Le procureur international du tribunal de Phnom Penh a requis mercredi 40 ans de prison contre le tortionnaire

Il a renoncé cependant à réclamer la perpétuité à l'encontre du patron de la prison de Tuol Sleng sous le régime khmer rouge, jugé pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité."La seule peine appropriée devrait être la réclusion à perpétuité" mais "divers facteurs militent pour que cette peine soit commuée", a déclaré le procureur.
Article rédigé par France2.fr
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Kaing Guek Eav, alias "Douch", responsable khmer rouge, devant le tribunal à Phnom Penh le 5 décembre 2008. (AFP PHOTO/POOL/Mak Remissa)

Il a renoncé cependant à réclamer la perpétuité à l'encontre du patron de la prison de Tuol Sleng sous le régime khmer rouge, jugé pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

"La seule peine appropriée devrait être la réclusion à perpétuité" mais "divers facteurs militent pour que cette peine soit commuée", a déclaré le procureur.

Le magistrat a notamment évoqué les quelque dix ans de détention provisoire effectués par Douch, dont une partie était juridiquement illégale, ainsi que sa coopération "partielle" avec la cour, ses remords et sa "contribution à la réconciliation nationale".

Le chef tout puissant du sinistre établissement, aussi connu sous le nom de S-21 et dans lequel quelque 15.000 personnes ont été torturées avant d'être exécutées, entre 1975 et 1979, est jugé pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

Anticipant les plaidoiries de la défense, qui avait déjà indiqué vouloir tenter d'éviter la perpétuité à Douch après ses aveux répétés à l'audience, il a ajouté: "en imposant cette peine, vous ne privez pas l'accusé de son humanité, vous la rendez aux victimes de S-21".

Environ deux millions de Cambodgiens, soit un quart de la population, sont morts sous la torture, d'épuisement ou de malnutrition pendant cette période, avant que le régime ne soit renversé par l'invasion vietnamienne.

Le pays tout entier a sombré dans le chaos et la déchéance, par la seule volonté de Pol Pot de revenir à "l'année zéro", laver les cerveaux, vider les villes, éliminer les ennemis réels ou supposés du régime. Une politique que Douch a appliquée avec enthousiasme, selon l'accusation.

"Il a été l'un des instruments les plus efficaces de la politique du Parti communiste du Kampuchéa (PCK, parti du pouvoir en place à l'époque). Il a dénoncé un homme "indifférent aux souffrances de ses victimes et à leurs appels à l'aide" et qui "prenait plaisir à transformer des individus en tortionnaires et en tueurs".

"Un rouage" aujourd'hui "pétri de remords"
L'ex tortionnaire s'est décrit mercredi comme un "rouage dans une machine en marche" qui ne pouvait échapper à la machine des Khmers rouges. "Je suis pétri de remords et suis profondément affecté par cette destruction d'une ampleur sidérante", a indiqué Douch au tribunal, en lisant un texte préparé à l'avance.

"Je me suis retrouvé en train de servir une organisation criminelle qui détruisait son propre peuple d'une façon scandaleuse. Je n'ai pas pu m'en retirer.

Le verdict n'est pas attendu avant 2010
Prenant la parole, l'accusé, 67 ans a lu un long texte sur le contexte historique de l'époque. "Laissez, s'il vous plait votre porte ouverte pour permettre que je reconnaisse mes crimes", a-t-il déclaré. Il devait ensuite céder la place à ses avocats.

Des cinq cadres du régime aujourd'hui détenus, il est le premier à être jugé et leseul à plaider coupable. Quatre autres dirigeants du "Kampuchéa démocratique", dont le "frère numéro 2" Nuon Chea, attendent leur procès, qui ne devrait pas avoir lieu avant 2011.

Graphique interactif sur le procès des Khmers rouges.

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