Le rappeur va contester la décision devant la cour interaméricaine des droits de l'homme (CIDH)
"Wyclef n'entend pas s'arrêter là, nous épuiserons tous les recours, nous irons jusqu'au bout pour contester cette décision inacceptable", a déclaré mardi M. Jean Renel Sénatus un des 8 avocats du chanteur.
Il a aussi indiqué que l'affaire serait portée devant la Cour de cassation d'Haïti et devant la cour des comptes, un tribunal administratif.
Wyclef Jean a dénoncé lundi "les tricheries" opérées selon lui pour écarter sa candidature à la présidentielle
Wyclef Jean a annoncé dimanche sur Twitter qu'il faisait appel du rejet de sa candidature prononcé par le Conseil électoral provisoire haïtien (CEP).
Lundi, dans un enregistrement audio en créole remis aux médias haïtiens, l'ancien rappeur des Fugees a estimé que le CEP avait "violé la Constitution" pour lui barrer la route.
"Ils (le CEP est composé de 9 membres NDLR) ont violé la Constitution au profit de leurs familles et leurs amis qui continuent de vivre avec l'argent du peuple (...). Est-ce que vous allez continuer à supporter des gens qui ne respectent pas la Loi fondamentale du pays?", lance le chanteur dans cet enregistrement.
Le Conseil électoral provisoire (CEP) d'Haïti avait annoncé vendredi soir, 20 août, que la star internationale du hip-hop ne pourrait pas se présenter à l'élection présidentielle d'Haïti prévue le 28 novembre. Le CEP n'avait pas justifié cette décision mais Wyclef avait précisé que le Conseil avait estimé qu'il n'était pas un résident d'Haïti.
Wyclef va faire appel de la décision du CEP
Très populaire auprès des jeunes du pays frappé le 12 janvier par un séisme qui a fait au moins 250.000 morts et 1,5 million de sans-abri, Wyclef Jean avait indiqué dans un premier temps vendredi qu'il acceptait son sort et appelé ses partisans au calme.
Mais dimanche, il a écrit sur son compte Twitter: "Demain, nos avocats vont faire appel de la décision du CEP. Nous avons rempli tous les critères fixés par les lois (pour participer au scrutin, NDLR). Et la loi doit être respectée", concluait l'ancien chanteur des Fugees qui devait quitter Haïti dimanche soir.
Le rappeur âgé 37 ans est né en Haïti mais est installé aux Etats-Unis depuis l'âge de 9 ans. Selon la constitution haïtienne, un candidat doit avoir résidé en Haïti au moins les cinq dernières années précédant le scrutin. Mais Wyclef Jean estime que sa qualité d'ambassadeur itinérant depuis 2007 l'en exonère.
L'exclusion du rappeur fait craindre des débordements
L'exclusion de Wyclef Jean a fait craindre des débordements dans la capitale surpeuplée où les sinistrés du tremblement de terre s'impatientent de la lenteur de la reconstruction.
Samedi matin, 21 août, la Mission de l'ONU en Haïti (Minustah) avait appelé dans un communiqué "les candidats et partis politiques participants aux élections présidentielles et législatives à respecter (...) la Loi électorale". La Minustah, qui dispose de quelque 13.000 soldats et policiers, assistés de 2.000 civils, avait appelé en outre candidats et partis à "promouvoir auprès de leurs membres (...) la plus grande sérénité et le respect des électeurs" durant la période électorale qui commence.
Wyclef a essuyé critiques et menaces de mort
Wyclef Jean avait rencontré, jeudi 19 août, le président Préval à son invitation dans la résidence privée du chef de l'Etat dans les hauteurs de Port-au-Prince. Les deux hommes ont évoqué "les menaces de mort" reçues ces derniers jours par le chanteur, selon l'entourage de ce dernier.
Des rumeurs accusent le pouvoir de chercher à évincer Wyclef Jean pour non respect de certains critères légaux et des questions relatives au fisc américain. Il fait, par ailleurs, face à des critiques reprises dans les médias haïtiens sur la gestion douteuse de sa Fondation "Yélé Haïti ", mise sur pied pour venir en aide à ses compatriotes frappés ces dernières années par de nombreuses catastrophes naturelles.
19 candidats retenus sur 34
Outre Wyclef Jean, 33 autres personnalités étaient sur les rangs pour succéder à l'actuel président René Préval. Le Conseil électoral provisoire n'en a retenu que 19.
L'ambassadeur d'Haïti à Washington, Raymond Joseph, ne pourra pas non plus se présenter au scrutin. En revanche, le candidat du parti Unité, le parti au pouvoir, Jude Célestin a été retenu par le Conseil, selon la liste lue par le porte-parole du CEP Richard Dumel, tout comme l'ancien Premier ministre, Jacques-Edouard Alexis, qui avait dû renoncer à son poste suite aux émeutes de la faim de 2008. Un autre chanteur populaire en Haïti, Michel Martelly a également été retenu.
Le scrutin pour élire le prochain président d'Haïti, ravagé par le séisme du 12 janvier, est prévu le 28 novembre mais des doutes persistent sur la capacité des autorités à maintenir cette échéance.
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