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Les affrontements entre coptes et militaires qui ont fait 25 morts ont relancé les craintes de tensions religieuses.

L'armée aux commandes du pays a demandé au gouvernement, sur lequel elle a autorité, de "former rapidement une commission d'enquête" pour déterminer les responsabilités des événements survenus dimanche soir et qui se sont prolongés dans la nuit.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Victimes coptes en Egypte suite aux violences de dimanche soir. (MAHMUD HAMS / AFP)

L'armée aux commandes du pays a demandé au gouvernement, sur lequel elle a autorité, de "former rapidement une commission d'enquête" pour déterminer les responsabilités des événements survenus dimanche soir et qui se sont prolongés dans la nuit.

Dimanche soir, entre manifestants coptes et forces de l'ordre ont éclaté dans le centre du Caire. Les violences de dimanche ont eu lieu en marge d'une manifestation de Coptes protestant contre l'incendie d'une église dans le gouvernorat d'Assouan (sud). Ce sont les violences les plus meurtrières depuis la révolte qui a renversé le président Moubarak en février. Les violences ont fait vingt-quatre morts et plus de 200 blessés.

Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) a dénoncé à l'issue d'une réunion de crise "les efforts de certains pour détruire les piliers de l'Etat et semer le chaos". Des versions confuses ont continué de circuler sur ces affrontements imputés tour à tour aux manifestants coptes -qui constituent la majorité des personnes décédées- aux militaires et aux forces de l'ordre sur place ou encore aux provocations de "voyous".

Le patriarche copte orthodoxe, Chénouda III, a mis ces affrontements, les plus meurtriers en Egypte depuis la chute de Hosni Moubarak en février, sur le compte "d'inconnus infiltrés" et dénoncé le fait que l'on puisse les imputer aux manifestants chrétiens.

Le gouvernement du Premier ministre Essam Charaf, qui a estimé dans la nuit que le pays était "en danger", s'est également réuni en urgence en début d'après-midi. Les autorités ont annoncé par ailleurs la pendaison lundi d'un homme condamné pour le meurtre de six Coptes à la sortie d'une église en janvier 2010 en Haute Egypte, une information rare dans un pays où les dates des exécutions ne sont en principe pas révélées.

Dans la nuit, le Premier ministre avait appelé chrétiens et musulmans "à la retenue" et à ne pas céder aux "appels à la sédition". Il avait en outre estimé qu'il s'agissait d'un "complot pour éloigner l'Egypte des élections". Les premières législatives depuis le départ de M. Moubarak doivent se tenir à partir du 28 novembre, mais leurs modalités font l'objet de désaccords et beaucoup redoutent qu'elles ne soient marquées par des violences.

Les dirigeants doivent prendre des mesures sérieuses pour traiter les problèmes à la racine, autrement cette situation peut mener à la guerre civile", a estimé Fouad Allam, chef pendant 20 ans des services de sécurité, sur la télévision al-Arabiya, en demandant une révision de lois religieuses discriminatoires.

L'Egypte connaît depuis plusieurs mois une montée des tensions confessionnelles, alimentées notamment par des querelles de voisinage et des différends sur la construction d'églises. Les Coptes, qui représentent de 6 à 10% des Egyptiens, s'estiment discriminés dans une société en grande majorité musulmane. Ils ont été visés par plusieurs attentats, en particulier celui du Nouvel an contre une église à Alexandrie, qui a fait 23 morts. Les coptes protestent régulièrement contre une législation très contraignante sur la construction ou la rénovation d'églises, qui contraste avec le régime très libéral qui prévaut pour les mosquées.

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