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Les «Cinq Fragiles»: ce n'est pas un groupe rock, mais le nouveau nom des Brics

Décidément, les économistes aiment les concepts. Les derniers en date maniaient des acronymes agrégeant des pays pour décrire une réalité rapidement remplaçable par une nouvelle. C'est ainsi qu'après les Pigs du début de la crise européenne, puis les Brics, voici l’arrivée des «Cinq fragiles». Explications.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Billets de tous les pays. (BAY ISMOYO / AFP)

Les Pigs, souvenez-vous, c’étaient les héros (malgré eux) de la crise des dettes souveraines en Europe. Ces Pigs (cochons en anglais) regroupaient les pays en difficulté de la zone euro (Portugal, Italie ou Irlande, Grèce et Spain). Les Bric(s) regroupent des pays émergents puissants: Brésil, Russie, Inde et Chine (et South Africa si on ajoute un «s»). Le dernier concept s’appelle les  «Fragile Five», les «Cinq Fragiles» en français ou les «Cinq Faiblards».

Ce terme de «Fragile Five» a été inventé l'été dernier par un analyste de Morgan Stanley, racontait le New York Times fin janvier. Forgé lors de la tempête monétaire de l'été 2013, ce nouveau concept regroupe l’Indonésie, la Turquie, le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud. Il est né à la suite des déclarations de la Fed, la Banque centrale américaine, sur un arrêt ou du moins une limitation de sa politique de création monétaire, qui avaient provoqué la chute des monnaies de ces pays. Des masses de capitaux avaient alors brutalement quitté ces terres de croissance pour revenir vers les Etats-Unis promis à une hausse des taux d’intérêts. Ces soubresauts financiers avaient montré les limites structurelles des économies de ces pays.

Chute de la livre turque
La chute brutale de la livre turque est le dernier épisode de cette crise. La monnaie nationale a perdu près de 30% en un an, tandis que les taux d'intérêts se sont envolés menaçant les déficits publics (7% du PIB) et le niveau des prix (crainte d'une inflation à plus de 7%).

«On considère dans les milieux financiers que ces pays dépendent trop des investissements étrangers pour financer leur développement. Ils dépendent trop des prêts à court terme étrangers pour financer leurs déficits. Il n'est donc plus conseillé d'y investir pour réaliser des profits faciles. Ce conseil est reçu fort et clair par les capitalistes étrangers, mais aussi par les investisseurs nationaux que ne retient pas le concept illusoire de patriotisme économique. De ce fait, les monnaies nationales perdent de leur valeur, malgré les efforts, tels ceux de la Turquie, pour retenir les capitaux en haussant le taux d'escompte. L'inflation et la récession menacent», résume Jean-Paul Baquiast sur son blog.

«Le ralentissement de la croissance chinoise et le ralentissement graduel de la politique de quantitative easing (politique monétaire accomodante) de la Réserve fédérale ont causé la plus forte baisse enregistrée sur les marchés émergents depuis le milieu des années 90», constate Trevor Greetham Head of Tactical Asset Allocation chez Fidelity, cité par la Libre Belgique.

A noter que dans cette tempête, la Chine n'apparaît pas. Son système, sa taille, et la solidité de sa croissance ─ même si elle est en léger recul ─ la mettent à l'abri des turbulences des marchés.

Le terme de Bric remontait à environ 2001 et venait d’un économiste de Goldman Sachs, Jim O’Neil. Un concept qui a correspondu pendant plus de 10 ans à une réalité puisque des dizaines de milliards de dollars se sont rués sur ces eldorados économiques.

Le terme de «Fragile Five» aura-t-il le meme succès? Il est sans doute trop tôt pour le dire.

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