Les équipes de BP espéraient pouvoir commencer mercredi la pose d'"un couvercle" sur la fuite de pétrole
Le "couvercle" doit bloquer la principale fuite de pétrole située sur le long du conduit reliant le puits à la plate-forme.
La catastrophe a été provoquée par l'explosion le 20 avril d'une plateforme pétrolière de BP à 70 km des côtes. La plateforme a coulé deux jours plus tard. Onze personnes sont portées disparues.
Mercredi après-midi, les responsables de BP ont annoncé avoir colmaté la plus petite des trois fuites qui ont provoqué cette marée noire. Cependant, ils ont précisé que cette avancée ne devrait pas modifier la quantité de pétrole qui s'écoule dans la zone.
De multiples responsables qui devraient payer cher
Le géant pétrolier BP va probablement devoir payer des milliards de dollars de dommages et intérêts aux pêcheurs et commerces touchés. Les plaintes déposées le 30 avril accusent également un autre sous-traitant de BP, le groupe américain de services pétroliers Halliburton, de co-responsabilité. Le fournisseur d'équipements et de services pétroliers Cameron International, autre sous-traitant sur la plateforme, devrait également voir sa responsabilité engagée.
A titre de comparaison, au moment de la marée noire provoquée par le naufrage de l'Exxon Valdez au large de l'Alaska, les avocats se sont rués pour porter plainte, avant même que les dégâts aient pu être totalement évalués. ExxonMobil avait finalement dû s'acquitter de 3,4 milliards de dollars (2,6 milliards d'euros) de frais de nettoyage et de dommages et intérêts.
D'après la loi sur la pollution pétrolière de 1990, BP pourrait n'être engagé qu'à hauteur de 75 millions de dollars, mais la compagnie pourrait avoir à payer plus si des infractions aux lois fédérales sont prouvées.
La mise en place d'un couvercle
BP (British Petroleum) estime que 800.000 litres de pétrole s'échappent chaque jour du puits situé par 1.500 mètres de fond. Le groupe britannique concentre ses efforts sur les trois fuites repérées (dont l'une a été colmatée mercredi), le long du conduit qui reliait le puits à la plateforme et a donc lancé la fabrication de "couvercles" pour les arrêter.
Jusqu'à présent les efforts de BP ont permis de contenir l'essentiel de la nappe de pétrole à l'écart des côtes. La compagnie britannique a entrepris de poser une énorme chappe d'acier de près de 90 tonnes au fond de la mer. Une telle opération, qui ne pourra pas débuter avant le week-end prochain, n'a jamais été tentée à une telle profondeur.
Fonctionnant comme une sorte d'entonnoir, la structure, un énorme silo blanc ressemblant à un château fort, doit permettre de colmater la fuite puis de pomper le brut vers un navire situé à la surface.
John Curry, le porte-parole du groupe BP, a déclaré que l'installation à bord du navire" de la chappe "va prendre du temps".
Alors que pendant trois jours, des vents forts et une mer houleuse avaient empêché les équipes luttant contre la marée noire de travailler, l'amélioration des conditions météorologiques doit désormais faciliter leur tâche.
Des équipes ont testé une nouvelle technique qui consiste à injecter du dispersant dans le pétrole dès qu'il se répand dans l'eau, avant même qu'il ne rejoigne la surface, "avec des résultats encourageants", selon l'administration américaine.
Près de 200 bateaux se trouvent aux abords de la nappe, qui a la taille d'un petit pays (200 km de long, 110 m de large) et des dizaines de kilomètres de barrages flottants ont été déployés et près de quatre millions de litres d'eau et de pétrole ont été récupérés.
La nappe a touché, au soir du jeudi 29 avril, la presqu'île formée par le delta du Mississippi en Louisiane et menace désormais les côtes jusqu'à la Floride. Dimanche 2 mai, Barack Obama a incriminé le groupe pétrolier britannique au cours d'une visite sur les côtes de Louisiane. BP a annoncé qu'il verserait 25 millions de dollars aux Etats concernés pour les aider à faire face à la catastrophe.
A la suite de cette catastrophe écologique, tout le secteur de la pêche de la région est menacé. En 2008, le commerce de la pêche dans le golfe du Mexique a représenté plus d'un milliard de livres (450 tonnes) de poissons et crustacés, soit 20% de la production nationale, selon des estimations du gouvernement. La marée noire "menace le mode de vie" de la Louisiane, a déclaré, samedi 1er mai, le gouverneur de l'Etat, Bobby Jindal. Les pêcheurs, éleveurs de crevettes et ostréiculteurs de la région commençaient tout juste à se remettre du passage en 2005 de l'ouragan Katrina.
Etat d'urgence déclaré dans plusieurs Etats
Le gouvernement américain a décrété la marée noire "catastrophe nationale", ce qui permet l'utilisation de moyens venant de tout le pays. Selon le président Obama, 1.900 fonctionnaires fédéraux dotés de 300 bateaux et aéronefs se trouvent dans la région.
Depuis l'explosion le 20 avril de la plateforme (qui a sombré le 22 avril), l'état d'urgence a été décrété en Louisiane le 29 avril, puis en Floride le 30, puis dans les Etats d'Alabama et du Mississippi le 1er mai. L'état d'urgence leur permet de recevoir l'aide du gouvernement fédéral afin de faire face à une éventuelle catastrophe naturelle.
de la Louisiane constituent un sanctuaire pour la faune, en particulier les oiseaux aquatiques, et les autres Etats de la région, la Floride, l'Alabama et le Mississippi notamment, craignent que la nappe de pétrole ne souille leurs plages et ne pollue les pêcheries, cruciales pour l'économie locale.
Des éleveurs de crevettes de Louisiane ont déposé plainte, mercredi 28 avril, contre BP pour "négligence" et "pollution", selon le texte dont l'AFP s'est procuré une copie jeudi. Ils comptent obtenir 5 millions de dollars de dommages. La mise à feu de la nappe de brut pourrait présenter des dangers pour l'environnement: elle risque de projeter dans l'atmosphère d'immenses bouffées d'une épaisse fumée noire et de libérer dans la mer des déchets visqueux.
Carte de la région situant la nappe de pétrole et les dernières prévisions, schéma explicatif général sur les éléments d'une plate-forme pétrolière offshore.
Lire aussi:
>>
Voir aussi:
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.