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Les excréments humains, une source d'énergie comme une autre
Encourager l’utilisation des matières fécales humaines pour fabriquer du biogaz et du charbon de bois, c’est l’objectif visé par un rapport issu d'un institut de recherche des Nations Unies. Avantages : fabriquer une énergie renouvelable et préserver les ressources hydrauliques.
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Comme le démontre le héros du dernier film de Ridley Scott, Seul sur mars (The Martian), l’emploi des matières fécales humaines est un secret de polichinelle dans le monde agricole. Mais il faudra désormais penser à un nouvel usage, cette fois-ci dans le domaine de l’énergie. C'est l'objet d'une étude de l’un des instituts de recherche de l’université des Nations Unies (UNU-INWEH).
De l'électricité pour 138 millions de foyers
«Nous recyclons efficacement les substances nutritives contenues dans les déchets humains via l'agriculture dans beaucoup d'endroits, mais jusqu’à présent nous avons a accordé beaucoup moins d’attention à leur potentiel énergétique», constate Chris Metcalfe, l’un des co-auteurs du rapport qui s’appuie sur une expérience menée en Ouganda.
«Si l’on visait uniquement les individus qui sont obligés de faire leurs besoins en plein air, la valeur minimale du biogaz généré par an serait de 200 millions de dollars par an, assez pour satisfaire la demande d'électricité annuelle de presque 10 millions de ménages», explique l'étude. Quelque 2,4 milliards de personnes sont privées de toilettes dans le monde. Parmi elles, un milliard (60% en Inde) sont obligées de faire leur besoins en plein air.
Gaspiller moins d'eau
Si tous les déchets humains produits à travers le monde servaient à la production de biogaz, les chercheurs estiment que sa valorisation serait comprise entre 1,6 et 9,5 milliards de dollars. Ce dernier chiffre est suffisant pour accéder «aux besoins en électricité de 138 millions de foyer, soit environ ceux que comptent l’Indonésie, le Brésil et l’Ethiopie réunis». «De plus, l'équivalent de presque 47,5 millions de kilos de charbon de bois (les ménages ougandais utilisent un kilo par jour) pourrait potentiellement être tiré du résidu» séché ou carbonisé. Un moyen supplémentaire de protéger les forêts.
Cette gestion optimale des déchets humains est aussi une réponse au problème des traitements des eaux usées quand l'heure est à l'économie des ressources hydrauliques. «Réduire de moitié la proportion des eaux usées non traitées est l’un des objectifs des Nations Unies à l’horizon 2030 dans le cadre de son agenda développement durable (Objectif 6.3)», souligne le rapport. Il précise que des «volumes stupéfiants d'eaux usées sont déchargés (pour traitement)» chaque année et «90%» d'entre elles ne seraient pas traitées. «Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme», dit l'adage. En voilà une parfaite illustration qui sera certainement de nouveau discutée le 19 novembre, journée mondiale des toilettes.
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