Les Touareg, victimes d'exactions au Mali
Treize jours après le début de l'intervention
franco-malienne, les inquiétudes au sujet d'exactions commises dans certains
villages grimpent un peu plus chaque jour.
Vengeance et conflits ethniques
Particulièrement visées, les populations maliennes d'origine
touareg. Selon la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH), au
moins onze personnes auraient été tuées ces derniers jours à Sévaré, à 650
kilomètres au Nord-Est de la capitale, Bamako. Accusations confirmées par l'association
Human Rights Watch (HRW) qui parle d'"informations crédibles sur
une vingtaine d'autres cas d'exécutions à Sévaré où les corps auraient été
enterrés en toute hâte, notamment dans des puits" . Des exactions relatées
il y a quelques jours par l'un des envoyés spéciaux de France Info au Mali,
Omar Ouahmane, qui avait recueilli des témoignages. La FIDH évoque également l'exécution
de deux Maliens d'origine touareg dans la région de Niono.
Etienne Monin, envoyé spécial de France Info, a recueilli de son côté des témoignages à Diabali, la ville reprise en début de semaine par les forces maliennes appuyées par la France.
Selon HRW, qui a réclamé l'envoi d'observateurs, ces
violences visent particulièrement les communautés arabe et touareg du Mali,
entre vengeance suite à la prise de pouvoir des islamistes dans le Nord du
pays, et conflits entre communautés et religions différentes. Les deux
associations ont demandé l'ouverture d'une enquête pour faire la lumière sur
ces accusations.
Des accusations qui inquiètent en haut lieu
Le gouvernement malien a réagi dès mercredi soir par
communiqué :
"L'armée doit être irréprochable et il ne saurait être
question pour nous de cautionner des actes que nous reprochons aux terroristes."
Le gouvernement rappelle à son armée la nécessité de
respecter le droit international.
Autre réaction, celle de Ban Ki-moon, le secrétaire général
de l'ONU, qui faisait part en début de semaine de ses craintes au sujet du
respect des droits de l'Homme.
L'union européenne également est entrée dans le débat. Par
la voix de la commissaire européenne à l'aide humanitaire, Kristalina
Georgieva, l'UE s'est dite "préoccupée par des rapports qui évoquent la
possibilité de luttes et de combats ethniques, d'exactions commises à titre de
revanche" .
Enfin la France, qui a engagé plus de 2.300 soldats aux côtés
de l'armée malienne, est particulièrement mal à l'aise face à ces supposées
exactions. Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a appelé mercredi l'encadrement
de l'armée malienne à être "extrêmement vigilant" .
Paris, en tant qu'alliée du Mali et engagée dans une opération
militaire à ses côtés, pourrait en effet voir rejaillir sur son action et sa
légitimité, d'éventuels mauvais comportements des soldats maliens. Cela
pourrait aussi rendre encore plus difficile l'implication dans le conflit d'autres
puissances occidentales, pour l'instant en retrait.
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