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Mali : "On a une loupe déformante à Paris" (Pierre Servent)

Invité de France Info vendredi matin, Pierre Servent, lieutenant-colonel de réserve de l'Armée de Terre et spécialiste des conflits, revient sur l'opération Serval menée par la France au Mali. Il ne croit pas en une intensification des attaques islamistes, et estime que de Paris, nous avons une vision déformée de la situation réelle.
Article rédigé par Olivier Emond
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
  (Joe Penney Reuters)

Depuis six semaines, l'armée française, aux côtés des forces maliennes et africaines, est engagée dans l'opération Serval, pour déloger les islamistes installés au Nord-Mali. Sans combats la majorité du temps, la situation semble évoluer ces dernières heures : attaques islamistes à Gao, attentat à Kidal, mort d'un légionnaire français... Pour autant, Pierre Servent estime qu'on est là "dans une phase plutôt classique" ; le "potentiel de guérilla" des islamistes est encore important.

Un effet "loupe médiatique" sur Gao

Cependant, selon ce spécialiste des conflits, il ne faut pas exagérer la situation à Gao. Si les combats s'intensifient dans l'extrême-nord du Mali, à Gao en revanche les actions menées par les djihadistes restent "sporadiques" , contrairement à l'image de violence renvoyée à travers les faits relatés par les médias (attentat-suicide"raté" le 10 février dernier, par exemple). Mais attention, "cela ne veut pas dire que ça ne peut pas monter dans les mois qui viennent" .

Une guerre trop maîtrisée ?

Selon Pierre Servent, si l'on veut expliquer cet effet "déformant" , il faut s'intéresser à l'accès dont disposent les journalistes à l'opération Serval sur place. Ils ne sont pas assez "embedded" , embarqués avec les militaires pour suivre les combats. S'ils avaient été plus impliqués par l'armée française, ils auraient pu rendre compte fidèlement de la situation sur place, ce qui éviterait alors d'avoir cette impression de redoublement de violence ces derniers jours. 

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