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Mali. Comment les Français combattent dans l'Adrar des Ifoghas

L'armée est engagée contre des jihadistes retranchés dans le nord-est du pays. La partie "la plus délicate" de l'intervention, selon François Hollande. Explications.

Article rédigé par Ariane Nicolas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Un militaire français survole le désert près de Tessalit (Mali), le 8 février 2013. (AP / SIPA)

"C'est sûrement la partie la plus délicate de l'intervention." François Hollande l'affirme lui-même. Après avoir reconquis plusieurs grandes villes du nord, la France a attaqué depuis le 19 février une nouvelle phase dans la guerre au Mali. Une phase cruciale. L'opération Panthère 4 se focalise sur l'Adrar des Ifoghas, un massif montagneux situé dans l'extrême nord-est du Mali. Ici se sont retranchés une partie des jihadistes ayant fui les armées française et malienne depuis le début de l'opération Serval, le 11 janvier.

Pour des "raisons sécuritaires", les médias n'ont pas accès à ce terrain d'affrontement, où des troupes venues du Tchad combattent également. L'armée française diffuse, chaque jour, des informations sur le déroulé du conflit. Comment les troupes sont-elles organisées ? Quelles difficultés rencontrent-elles ? Avec quels résultats ? Eléments de réponse. 

Le terrain : l'Adrar des Ifoghas

L'épicentre des combats se situe dans la vallée d'Ametettai, zone du massif des Ifoghas, à la frontière avec l'Algérie. Le tout s'étire sur un territoire d'à peine 25 km sur 25 km, soit 625 km². Moins grand que Berlin. L'un des objectifs est d'empêcher les jihadistes de s'exfiltrer de ce périmètre, qui "certes se réduit" peu à peu, "mais représente quand même une superficie relativement importante", selon le ministère de la Défense. La base arrière de l'armée est fixée à une cinquantaine de kilomètres au sud, à Tessalit, dont l'aéroport est contrôlé par l'armée française.

Roches, sable et grottes rendent la traque des islamistes particulièrement ardue. "Seuls les sanctuaires du nord-est malien comme l'Adrar des Ifoghas présentent pour les terroristes un théâtre favorable, expliquait Slate.fr en janvier. Il l’est toutefois moins que celui des montagnes afghanes (isolement, faibles ressources en eau, chaleur, tempêtes de sable, difficultés de ravitaillement), même s’ils sont accoutumés à ces conditions."

Les troupes : des militaires français et tchadiens

La progression des troupes françaises et tchadiennes est appuyée par des avions, des hélicoptères de combat, des mortiers et des canons d'artillerie de 155 mm Caesar. Les 1 200 Français sur le terrain appartiennent aux forces spéciales, aux unités parachutistes et à la Légion. Ils coordonnent leur action avec 800 Tchadiens, qui "se battent avec des méthodes assez comparables à celles employées par les paramilitaires des groupes jihadistes", selon Pascal Le Pautremat, spécialiste des questions de défense.

"Signe que les choses sont bien plus compliquées qu'anticipé, la brigade Serval est en train de recevoir des renforts en matériel, écrivait le blog spécialisé Le Mamouth vendredi. Deux pièces Caesar vont rejoindre le même volume déjà envoyé dans l'Adrar. Deux hélicoptères Tigre doivent rejoindre les cinq engins déjà mis en œuvre sur place."

Dans une - rare - vidéo diffusée samedi 2 mars, mais tournée le 26 février, le ministère de la Défense montre le Groupement tactique interarmes GTIA 3 en "phase de reconnaissance offensive". Les militaires sont ensuite "pris à partie" avant de riposter avec un appui aérien. C'est au cours d'une opération similaire que le caporal Cédric Charenton est mort, samedi soir. C'est le premier soldat français à trouver la mort dans cette région.

 

L'ennemi : des combattants "fanatisés"

Combien de jihadistes se sont-ils repliés dans ce massif ? Difficile à dire avec précision, mais plus d'une centaine d'entre eux ont déjà été tués par les troupes françaises et tchadiennes depuis dix jours. "Nous avons face à nous un adversaire fanatisé qui défend fermement des positions sur lesquelles nous sommes obligés de donner l'assaut pour les fouiller et les réduire, a expliqué un porte-parole de l'armée, dimanche. Il faut fouiller méthodiquement la zone."

Interrogé sur ce que l'armée ferait des jihadistes, François Hollande a répondu, fin janvier : "Les détruire. (...) Ces terroristes, s'ils veulent ne plus terroriser, ils peuvent abandonner leurs armes et quitter le territoire malien. (…) Pour le reste, si nous pouvons, nous ferons des prisonniers, (...), ça pourra être utile." Pour l'heure, les informations qui filtrent sur cette opération ne font pas mention de capture mais de "neutralisation", euphémisme pour signifier que l'un des jihadistes a été abattu.

Selon l'état-major, près d'une quinzaine d'ateliers et de caches d'armes ont été découverts depuis le début de l'opération Panthère 4, qui a permis de récupérer quatre mortiers de 82 mm, environ 70 roquettes de 122 mm, neuf sacs de 50 kg de produit explosif et trois bonbonnes d'explosif artisanal. Une dizaine de sites logistiques auraient été détruits, de même qu'une quinzaine de pick-up et un blindé BRDM-2 qui avait été volé à l'armée malienne.

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