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Mobilisation citoyenne dans les rues de Naples contre la Camorra

Ces derniers mois, la situation s'est dégradée avec les "baby gangs", des clans de jeunes qui font la loi à Naples, en Italie. Un cortège parcourra le centre-ville en fin de journée. Toutes les Eglises resteront fermées. L’Archevêque de Naples a lui lancé un appel aux criminels afin qu’ils rendent les armes.
Article rédigé par Mathilde Imberty
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
  (Marche contre la Camorra organisée à Naples à la fin du mois de Mars en mémoire des victimes innocentes © Salvatore Laporta/Pacific Press/LightRocket via Getty Images)

 A Naples, ce mardi est une journée de mobilisation contre la Camorra. Un cortège parcourra le centre-ville en fin de journée. Et toutes les églises resteront fermées. Dans une Lettre à la Ville, l’Archevêque de Naples a lancé un appel aux criminels afin qu’ils rendent les armes. Le clergé mène la lutte anti camorra, alors que la situation s’est dégradée ces derniers mois avec les baby-gang, des clans de jeunes sans foi ni loi.

Cinquante personnes tuées dans la ville en 2015 

Angelo Berselli prêche dans l’un des quartiers les plus violents de Naples, Forcella, là où cet hiver un jeune de 17 ans a été abattu. Par une balle qui ne lui était pas destinée. C’est de cet endroit que partira en fin de journée le cortège dit "anti-camorra". "C’est devenu terrible ici , témoigne Angelo Berselli. Je traverse la rue pour aller boire un café. Je peux me prendre une balle perdue à tout moment ! Rien qu’en 2015, 50 personnes ont été tuées à Naples ! Dans les attentats de Bruxelles, on en comptait … 37 ! Mais c’est tellement fréquent ici que plus personne ne fait plus attention ! "

Les 150 églises que compte Naples fermées pour l'occasion 

Dans une Lettre à la Ville, l’Archevêque de Naples supplie les Camorristes de rendre les armes et a ordonné la fermeture des 150 églises que compte la Ville pour la journée. Une initiative saluée par Geppino Fiorenza figure napolitaine, responsable local de l’association anti mafia Libera : "L’Eglise , explique-t-il, a une fonction très importante. Et cette très belle lettre du Cardinal me semble un signal déterminant. Car il faut dire que l’Eglise a pu parfois sembler trop tolérante. Quand des messes par exemple ont été célébrées pour des boss en fuite. Mais aujourd’hui l’Eglise est vraiment en première ligne ."

 

"Le clergé a longtemps été complice de la mafia, mais depuis 1993, le discours du pape Jean-Paul II, il y a une rupture idéologique très forte. Récemment, avec ce nouveau pape qui a mené une opération de transparence sur les finances du Vatican et a excommunié les mafieux calabrais, il y a un message très clair de la part de l'Eglise ", a expliqué, sur France Info, Fabrice Rizzoli, spécialiste du crime organisé et de la mafia italienne. Le pape avait déjà dénoncé en mars la mafia et "la société corrompue qui pue".

Des milliards d'euros d'avoirs saisis et réutilisés à des fins sociales 

La Camorra a une emprise sur une grande partie de la société napolitaine. "C'est un fléau, mais elle n'est pas toute puissante. La Camorra rackette, vend de la drogue, mais il y a aussi l'antimafia à Naples, et aujourd'hui le clergé local se réveille ", selon Fabrice Rizzoli. La justice italienne confisque d’ailleurs régulièrement des biens : des milliards d'avoirs sont ainsi confisqués chaque année, puis réutilisés à des fins sociales. Tous les Napolitains, croyants ou non, sont appelés à défiler ce mardi soir contre la criminalité organisée. 

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