Reportage "On craint le vide, on ne sait pas ce qui nous attend" : au Liban, la mort de Hassan Nasrallah bouleverse les chiites et inquiète les chrétiens

Samedi, l'annonce de la mort du chef du Hezbollah a provoqué la colère parmi la communauté chiite, dont il est issu. Quant aux chrétiens, ils craignent des répercussions au Liban et dans toute la région.
Article rédigé par franceinfo
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Un homme pointe du doigt un portrait de Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, affiché sur une télévision, le 28 septembre 2024 à Beyrouth (Liban). (JOSEPH EID / AFP)

Israël a annoncé samedi 28 septembre que le leader de la milice pro-iranienne avait été tué la veille par une frappe dans son fief de la banlieue sud de Beyrouth. Le Hezbollah a confirmé sa mort en début d’après-midi. Il y a beaucoup de colère et de ressentiment au sein de cette communauté musulmane chiite qui adulait véritablement Hassan Nasrallah.

Des chiites qui ont longtemps espéré que l'information de l'armée israélienne soit fausse, avant ce coup de massue en début d'après-midi. "J'ai beaucoup pleuré parce que nous avons perdu un grand homme, raconte Rim, qui est originaire de Nabatieh, dans le sud du Liban. Il voulait mourir en martyr, il a réussi. Il est heureux maintenant. Je suis triste, mais un autre seigneur Hassan viendra un jour."

"Nous, on veut tours mourir en martyr, on n'a pas peur de la mort, on s'en moque. Si on meurt, on s'en fiche."

Rim, originaire du sud du Liban

à franceinfo

Ces chiites se sentent désormais orphelins. Ils vénéraient leur charismatique chef qui faisait l'objet d'un véritable culte de la personnalité. "Nous sommes tristes car c'était notre père, ajoute Nour, également originaire du sud du Liban. On croyait en lui. Il est au paradis mais cette épreuve nous rend plus forts." Y a-t-il un désir de vengeance ? "Oui, on veut tous ça, c'est ce que souhaite tout le monde ici", répond-elle.

"On sent un danger"

Si la communauté musulmane chiite est bouleversée par la mort de son chef, les chrétiens, eux, sont très inquiets. À l'image de Marc, qui craint des répercussions au Liban et dans toute la région. "Qu'on l'aime ou pas, on est choqués. On craint le vide, on ne sait pas ce qui nous attend. On se sent en danger, on ne s'attendait pas à cette nouvelle. L'un des plus grands leaders de la région... Il nous donnait l'image d'un grand pouvoir, qui a été détruit en une seconde. C'est incroyable. On craint la colère."

"J'espère qu'on ne deviendra pas comme les pays où il y a le chaos, comme l'Irak ou la Libye, tous les pays qui nous entourent. Et nous sommes l'un des plus petits pays du monde, ça fait peur aussi."

Marc, chrétien vivant au Liban

à franceinfo

Et pour prévenir d'éventuels incidents ou affrontements entre communautés, l'armée libanaise s'est déployée en masse dans les rues de Beyrouth, où ont retenti des coups de feu samedi après-midi, des tirs en l'air des partisans de Hassan Nasrallah qui manifestaient leur colère.

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