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9 avril 2003 en Irak: les Américains renversent Saddam Hussein

Le 9 avril 2003, les troupes américaines entrent dans Bagdad ne rencontrant que peu de résistance. Une image reste gravée dans les mémoires: celle de la chute d’une immense statue de Saddam Hussein, acclamée par les habitants, sur la place Ferdaous, au cœur de la capitale irakienne. Mais bientôt, la violence va se déchaîner tous azimuts sur un pays en pleine décomposition…
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Un militaire américain assiste à la chute de la statue de Saddam Hussein dans le centre de Bagdad, le 9 avril 2003. (REUTERS - Goran Tomasevic - Files )

Des soldats américains ont installé un treuil sur un char et une corde a été passée autour de la statue. Celle-ci finit par céder et tombe dans la poussière. Les Irakiens qui ont assisté à l’événement hurlent de joie. Ils se précipitent et la piétinent. Pour eux, la chute de la statue symbolise celle d’un régime honni. Le monument devient ainsi le bouc émissaire de toutes leurs souffrances et frustrations.


A la Maison Blanche à Washington, raconte le New York Times, la joie se lit sur tous les visages. Le président George W. Bush se contente d’un lapidaire «Ils l’ont eu !» Pour le vice-président Dick Cheney, les évènements de la journée «marqueront l’une des plus extraordinaires campagnes militaires jamais menées». A comparer avec ceux qui affirmaient, dans les mois qui ont précédé l’invasion américaine en Irak, qu’aucune armée n’avait été aussi puissante depuis l’Empire romain…  

La chute de Bagdad «est une date plus chargée en émotion que le début de l’invasion», constate un spécialiste de l’Irak cité par Le Monde. Les Etats-Unis «se disposent à construire (dans le pays) une démocratie modèle, comme ils l’avaient fait au Japon en 1945»

Mais la joie des Irakiens et des Américains sera de très courte durée. Quelques jours plus tard, d’autres images viendront remplacer dans la mémoire collective celle de la chute de la statue. Des images symboles de la descente de l’Irak aux enfers…

Le pillage du musée
La guerre n’est pas terminée. Et le désordre règne dans la capitale irakienne. Depuis le 7 avril 2003, des combats se déroulent dans la partie occidentale de la ville où se trouve le Musée archéologique de Bagdad. Lequel contient des «trésors inestimables». Les personnels ont apparemment quitté le bâtiment. Dès le 10 avril, des pilleurs vont faire main basse sur les collections du musée, emportant des centaines d’objets.

Le pillage aurait duré trois jours. Les Américains n’arrivent sur place que le 14 avril. Ils ont devant les yeux un spectacle de désolation. «Quantité (d’objets) ont été saccagés, vandalisés comme par pur désir de destruction», raconte Libération.


Pour les responsables du musée, le pillage n’a pas été uniquement été réalisé par de simples «va-nu-pieds». «Il y avait parmi la foule des voleurs, des gens très bien organisés, qui savaient exactement ce qu'ils cherchaient», constate le directeur des antiquités, Jaber Khalil Ibrahim, cité par Libé. En clair: les pillards ont pu agir pour le compte de trafiquants d’arts.

Chronique d’un désastre dans «l’Orient compliqué»
On va peu à peu s’apercevoir que la prise de Bagdad constitue les prémices d’un désastre. George W.Bush a ouvert une boîte de Pandore dans une région que de Gaulle appelait «l’Orient compliqué».

Les propos de Dominique de Villepin, alors ministre français des Affaires étrangères, à l’ONU le 14 février 2003, apparaissent ainsi comme prémonitoires: «L'option de la guerre peut apparaître a priori la plus rapide. Mais n'oublions pas qu'après avoir gagné la guerre, il faut construire la paix. Et ne nous voilons pas la face: cela sera long et difficile, car il faudra préserver l'unité de l'Irak, rétablir de manière durable la stabilité dans un pays et une région durement affectés par l'intrusion de la force.»


Un bien triste anniversaire, donc, que celui du 9 avril 2003. Dix ans après, en 2013, il n’a été marqué par aucune commémoration officielle, rappelait Le Monde à l’époque.

Aujourd’hui, la violence reste le lot quotidien des Irakiens. Depuis l’invasion américaine, plus de 170.000 civils seraient morts. Et plus de 4000 militaires américains ont été tués pendant l’occupation qui s’est officiellement terminée en 2011. La guerre aurait coûté quelque 770 milliards aux Etats-Unis.

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