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Bahrein : Stéphanie Lamorré dévoile l'envers du décor

Pour le dernier jour du prix Bayeux-Calvados, dimanche 14 octobre, le public était invité à découvrir quelques documentaires évoquant des situations moins médiatisées. Parmi eux, «Bahrein, plongée dans un pays interdit», de Stéphanie Lamorré.
Article rédigé par Vanessa Fize
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Stéphanie Lamorré (Geopolis)

Le Bahreïn est une île. Impossible pour les journalistes, comme en Syrie, de franchir illégalement la frontière. Impossible, bien sûr, d'obtenir un visa pour tourner un reportage. Pourtant, on le sait grâce aux images et messages envoyés par la population via internet, les habitants risquent leur vie pour demander un changement de régime, dans la foulée du Printemps Arabe.

Stéphanie Lamorré est entrée au Bahrein en simple touriste. Pour mener à bien son travail d'enquête, elle a dû s'enfuir de son hôtel, entrer dans la clandestinité. Chaque nuit, durant le mois passé là-bas, elle a dormi chez des familles qui la cachaient, et lorsqu'elle sortait, elle portait le niqab, pour ne pas se faire repérer. Elle est repartie sans ses films, qui ont transité plus tard, cachés, via le Liban.

La journaliste a suivi trois femmes, Nafissa, Maryam, et Hawora, dans leur lutte, et leur détermination pacifique à faire naître le changement. Quadrillage policier, manifestations violemment réprimées, tortures, emprisonnements sont leur quotidien ou celui de leur proches. Elles continuent malgré tout à soigner clandestinement les manifestants (interdits d'hôpital), à recueillir les témoignages de violences, à manifester chaque jour. Tout ceux qui s'expriment devant la caméra implorent : Il faut que le monde sache, que les gouvernements européens ou américain exercent des pressions économique ou diplomatique sur la famille princière au pouvoir depuis 40 ans.

Y a-t-il un espoir ? «Non, sans doute que non», répond Stéphanie Lamorré. Aucune chance que les forces de l'ordre se mettent du côté de la population. Les deux tiers des policiers ont été recrutés à l'étranger (Inde, Pakistan), pour qu'ils n'aient pas d'affinités particulières avec la population. Les manifestants n'ont pas d'armes. Les intérêts économiques sont grands pour des Etats comme la France (pétrole, gaz), ou les Etats-Unis. Quelques mois après son retour, la reporter a toujours des contacts au Bahreïn. Rien n'a changé. Et l'actualité internationale et la focalisation sur la Syrie laissent l'île dans l'ombre.

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