Cet article date de plus de huit ans.
Jordanie : AlHudood, un site satirique pour rire de l’actualité arabe
Comment critiquer les politiques sans s’attirer trop d’ennuis ? De jeunes Jordaniens ont choisi la satire. Leur site en ligne AlHudood (les limites) se moque de l’actualité dans le monde arabe. Personne n’y échappe ou presque…
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Daech, élections, corruption, politique… on se moque de tout sur AlHudood, le Gorafi arabe. Le site satirique créé en Jordanie en 2013 se destinait à couvrir l’actualité locale mais il s’est vite développé pour aborder tous les sujets chauds de la région. L’essentiel, c’est de faire rire et ça marche. L’audience n’arrête pas de progresser avec des visiteurs de tous les pays arabes.
Rire et réfléchir
Ce sont deux amis, Isam Uraiqat et Kamal Khoury, qui ont eu l’idée de créer ce site. «Les jeunes sont tellement dégoutés par la politique et se désintéressent de l’actualité, on a voulu la traiter au second degré pour les faire réfléchir en les faisant rire, on est dans une région où l’absurde prime alors il y a de quoi faire…», affirme à Géopolis l’un des deux co-fondateurs.
Ni Dieu, ni roi
Si AlHudood aborde de nombreux sujets graves avec un ton sarcastique en s’attaquant, par exemple, au président égyptien al-Sissi ou aux relations supposées entre Israël et l’Arabie Saoudite, il est hors de question de parler de Dieu ou du roi de Jordanie.
Deux thèmes qui restent tabous. La liberté d’expression au royaume hachémite a ses limites. Le pays est à la 135e position sur 180 dans un classement mondial établi par l’organisation Reporters sans frontières sur la liberté de la presse.
Le soutien européen
Le site satirique inédit en Jordanie n’a pas pu compter sur la publicité pour exister ou se développer. Les annonceurs arabes n’ont jamais osé prendre de risque en investissant dans un média «hors norme». Mais la rédaction formée d’un groupe de jeunes a été soutenue par le Fonds européen pour la démocratie, une institution de l’Union Européenne qui accorde des subventions à ceux qui œuvrent pour le changement démocratique. «Ce soutien nous a permis de grandir et d’avoir de ce fait plus de liberté».
Un développement qui se poursuit, AlHudood souhaite recruter des contributeurs de tous les pays de la régon. Une sorte d’union de la dérision.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.