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Les autorités musulmanes prêtes à renouer le dialogue avec le futur pape
Après la renonciation de Benoît XVI, des dignitaires musulmans en Egypte se disent prêts à renouer le dialogue avec l'Eglise catholique. L'université Al-Azhar, la plus haute autorité de l'islam sunnite au Caire, envisage de meilleures relations avec l'Eglise si la position du futur pape sur le monde musulman change. Les déclarations controversées du pape en 2006 avaient embrasé les pays arabes.
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La renonciation du pape Benoît XVI pourrait rouvrir la voie du dialogue entre le monde musulman et l'Eglise catholique. Leurs relations s'étaient brouillées en 2006, quand Benoît XVI lors d'un discours à Ratisbonne, où il fut longtemps professeur de théologie, avait cité un empereur byzantin décrivant le prophète Mahomet comme propageant des idées "mauvaises et inhumaines" par la violence.
Le dialogue avait repris en 2009 avant d'être de nouveau rompu après un appel du pape à protéger les minorités chrétiennes, à la suite d'un attentat suicide contre une église d'Alexandrie en Egypte, dans la nuit du 31 décembre 2010 au 1er janvier 2011. A l'époque, Al-Azhar avait décidé de suspendre ses rencontres avec le Vatican, considérant des déclarations de Benoît XVI sur les chrétiens d'Orient comme des «attaques répétées contre l'islam».
Al-Azhar, une institution millénaire, reste la plus prestigieuse de l'islam sunnite et son université attire des étudiants du monde entier.
L'influent théologien qatari, d'origine égyptienne, Youssef al-Qaradaoui, a reconnu que son Union internationale des oulémas musulmans boycottait le pape depuis ses déclarations de 2006. Mais, se voulant «optimiste», il déclare : «Maintenant, Dieu a voulu que nous reprenions le dialogue, après l'élection d'un nouveau pape».
Les Frères veulent «donner une bonne image»
Des groupes pragmatiques comme les Frères musulmans au pouvoir en Egypte vont probablement accepter de reprendre le dialogue «étant donné leur désir de donner une bonne image», selon Achraf al-Chérif, professeur de sciences politiques à l'Université américaine du Caire.
Les mouvements salafistes de fondamentalistes musulmans sont traditionnellement moins ouverts à des discussions inter-religieuses, mais d'après M. Chérif, ils pourraient ne pas avoir d'objections car «le dialogue est essentiellement une formalité».
Les islamistes sont devenus la première force politique dans plusieurs pays arabes, dont l'Egypte, suite aux soulèvements de 2011, compliquant les relations avec les minorités chrétiennes. Plus de 100.000 coptes d’Egypte auraient déjà fui leur pays (depuis 2011), s'exilant notamment aux Etats-Unis.
Attaques d’églises et intimidations des chrétiens par des militants islamistes préoccupent au plus haut point l'Eglise copte qui redoute la montée en puissance de l'islam politique qui s'est traduite par l'élection de Mohamed Morsi en juin 2012.
Benoît XVI tente de calmer le jeu à Istanbul
Les coptes représentent de 6 à 10 % des 83 millions d'Egyptiens. Les chrétiens sont près de 40 % au Liban et moins de 3% en Libye comme en Irak. En Syrie, ils sont 4,5 %, 2 % en Israël et autour de 2 % également dans les Territoires palestiniens.
Après ses déclarations en 2006 qui avaient provoqué des manifestations dans des pays musulmans, Benoît XVI avait tenté de calmer le jeu en visitant, le 30 novembre de la même année, la mosquée Sultan Ahmet à Istanbul. Il s'agissait de la deuxième visite d'un souverain pontife à une mosquée dans l'histoire papale. Jean-Paul II s'était rendu à la grande mosquée de Damas, en 2001.
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