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Les investissements du Qatar dans l'Hexagone

Petit pays richissime donnant sur le golfe Persique, le Qatar investit tous azimuts dans le monde entier et la France n'y échappe pas. Parmi ses domaines de prédilection : l’immobilier, mais aussi le luxe, le sport ou les médias...
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
L'émir du Qatar, Hamad bin Khalifa al-Thani, à Doha, le 6 mars 2012. (AFP PHOTO/STR)

C’est un petit Etat d’un million et demi d'habitants, dont 200.000 Qataris, et de 11.500 km². En 70 ans, il a su faire oublier son économie traditionnelle (pêche, agriculture, perle de culture) pour entrer dans l’économie de marché.

Riche d’une manne pétrolière que la flambée des cours a fait grossir, champion du gaz naturel liquéfié derrière la Russie et l’Iran, Doha a compris l’importance de diversifier ses investissements hors de son territoire. Une clé pour assurer l’avenir de l'après-pétrole et l'influence de cette monarchie du Golfe.


Le BTP et le luxe, symboles de l’ambition de l’émirat
Si le Qatar mène de front une cinquantaine de projets immobiliers dans une trentaine de pays, pour quelque 30,5 milliards d'euros, il s’est bien implanté sur le secteur, notamment sur la Côte d’Azur et à Paris. Un signe : les Qataris sont entrés à hauteur de 5,5% dans le capital de Vinci, où ils sont devenus les seconds actionnaires du N°1 mondial du BTP.

Les palaces caracolent en tête de ses investissements. Ainsi, le Carlton, hôtel mythique situé sur la Croisette à Cannes, appartient  à un investisseur privé qatari alors que les hôtels parisiens Royal Monceau et ex-Majestic sont la propriété de Qatari Diar, filiale du fonds souverain du Qatar.

Le luxe possède aussi des vertus sur lesquelles le fonds Qatar Luxury Group ne s’est pas trompé. Il a pris 1% du capital de LVMH et les manettes du maroquinier français Le Tanneur.


Une percée qatarie dans les domaines du sport et des droits TV
Via Al-Jazira Sports, le Qatar a fait une percée radicale dans le milieu singulier du ballon rond en raflant une partie des droits de la Ligue 1 de football pour la période 2012-2016. Autre illustration, la prise de contrôle du PSG, club de foot historique parisien.

Une manière d’acquérir une légitimité dans le domaine du football avant le Mondial de 2022 qui se déroulera… au Qatar. Autres sports dans la boucle : la Formule 1, le cyclisme, la moto, les courses hippiques ou le golf.

Et pour partir à la conquête de la télévision payante en Europe, avec la France en avant-poste, la télévision qatarie Al-Jazira, fondée par l’émir Hamad ben Khalifa Al-Thani, a lancé beIN Sport 1 et 2, chaînes de sport francophones destinées au marché local.


L'appétit croissant du Qatar pour les grands groupes
Après la crise des subprimes en 2008, les investisseurs se sont diversifiés, n’injectant plus uniquement leurs dollars dans la finance mais dans des actifs réels (infrastructures, industrie). Avec une volonté à peine voilée d'intervenir dans le fonctionnement des entreprises.

Qatar Holding, branche du fonds souverain Qatar Investment Autority, a ainsi porté à 12,83% sa participation au capital de Lagardère (médias, aéronautique et sport). Si elle se défend de vouloir prendre le contrôle du groupe, la holding pourrait bientôt siéger au conseil de surveillance.

Depuis début 2012, la petite monarchie du Golfe détient 2% du capital de Vivendi (Canal+, SFR) et un peu moins de 5% du capital de Veolia Environnement, ce qui la place dans les cinq premiers investisseurs du groupe de services collectifs. Et, cerise sur le gâteau, elle est entrée à hauteur de 2% dans le capital du groupe pétrolier Total, devenant son 3e actionnaire.

 

Vue générale de la capitale du Qatar, Doha. (Tibor Bognar / Photononstop)

Retours sur investissements au pays
En vue de la coupe du Monde de football, qui doit placer le Qatar «au centre de l'attention du monde», selon Doha, et donc accueillir des millions de touristes, une nouvelle ville de 250.000 habitants, Lusail City, sera sortie de terre en 2016. Et un grand toilettage du centre-ville de Doha, évalué à 4,18 milliards d’euros, permettra au cheikh Hamad ben Khalifa Al-Thani de faire briller son étoile et de monter au monde le dynamisme du Qatar.

Mais que les investisseurs étrangers tentés d'investir dans la pierre au Qatar le sachent : le très protectionniste Etat du Golfe se réserve le droit de leur proposer des baux à long terme mais surtout pas la possibilité d'acheter.

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