"Tortures psychologiques et violations des droits humains" : le calvaire de deux chercheurs français en Iran
La chercheuse Marielle Debos dénonce la situation "préoccupante" des trois chercheurs retenus en Iran, alors que Fariba Adelkhah et Kylie Moore-Gilbert ont commencé mardi une grève de la faim et de la soif.
Depuis juin dernier, l'Iran détient dans ses geôles l'anthropologue franco-iranienne Fariba Adelkhah, directrice de recherche au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po Paris, Roland Marchal, spécialiste de la Corne de l'Afrique et chercheur au CERI ainsi que l’Australienne Kylie Moore-Gilbert, chercheuse au centre d’études sur l’islam de l’université de Melbourne. Les deux femmes ont annoncé avoir commencé une grève de la faim et de la soif, le 24 décembre.
"Leur situation est préoccupante (...) Elles ont été soumises à des tortures psychologiques et à des violations des droits humains", dénonce sur franceinfo Marielle Debos, chercheuse à l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense, membre du comité de soutien aux deux chercheurs français. D'après Marielle Debos, Fariba Adelkhah "est une anthropologue qui ne s'occupait pas de la politique actuelle. Elle n'a clairement pas été arrêtée pour ses travaux". Fariba Adelkhah est accusée d'espionnage par Téhéran. Le 10 décembre dernier, Emmanuel Macron a réclamé la libération "sans délai" des deux chercheurs français. Le chef de l'Etat soulignant par ailleurs une situation "intolérable".
franceinfo : Quelles nouvelles avez-vous des deux Français, Fariba Adelkhah et Roland Marchal ?
Marielle Debos : Leur situation est préoccupante. Elle l'est depuis leur arrestation, début juin. Ils sont emprisonnés en Iran. On sait que Fariba est dans un quartier spécial de la prison qui est gardé par les Gardiens de la révolution. On sait également, depuis que Fariba et sa codétenue, l'Australienne Kylie Moore-Gilbert, ont réussi à faire sortir une lettre, qu'elles ont été soumises à des tortures psychologiques et à des violations des droits humains. On s'en doutait, et cette lettre vient confirmer nos craintes.
Quels travaux les deux Français étaient-ils en train de réaliser en Iran ?
Fariba Adelkhah est une anthropologue de l'État et du politique. Elle a beaucoup travaillé sur les femmes pendant la révolution iranienne. Elle a également travaillé sur le clergé chiite en Iran et en Afghanistan. C'est une anthropologue qui ne s'occupait pas de la politique actuelle. Elle n'a clairement pas été arrêtée pour ses travaux. Roland Marchal lui est un sociologue qui a travaillé sur la Corne de l'Afrique. Il n'a jamais écrit sur l'Iran. Il a été arrêté parce qu'il a rendu visite à sa collègue Fariba Adelkhah, début juin, quand elle était elle-même sur place.
Deux des collègues et amis de Fariba Adelkhah ont publié une tribune dans Le Monde jeudi 26 décembre, et ils rappellent que les autorités iraniennes ont la responsabilité de la vie et de la mort des deux collègues qui font cette grève de la faim. Si rien n'est fait, leur santé et leur vie sont en jeu.
Quel message souhaitez-vous faire passer ?
On demande aux autorités françaises qui ont multiplié les démarches depuis juin de continuer à négocier avec les Iraniens. On appelle également à la mobilisation afin de ne pas les oublier. On espère que tous soient libérés très rapidement et en bonne santé.
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