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Présidence russe au Conseil de sécurité de l'ONU : "Il n'y aura pas de boycott, mais les pays vont chercher à relativiser son importance", affirme un expert

La Russie prend samedi la présidence pour un mois du Conseil de sécurité de l'ONU. Cet organe a pour principale responsabilité de maintenir "la paix et la sécurité internationale".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le siège de l'ONU à Genève en Suisse. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

"Une mauvaise blague", s'est offusqué l'Ukraine alors que la Russie a pris pour un mois la tête du Conseil de sécurité de l'ONU, en vertu de la règle de la présidence tournante. Pour le secrétaire général du Cevipof, "il y a quelque chose de paradoxal dans cette nomination" qui intervient à dix jours d'une discussion sur le "soutien militaire à l'Ukraine" au Conseil de sécurité de l'ONU. "Il n'y aura pas de boycott mais les pays vont chercher à relativiser l'importance de la présidence russe", souligne Florent Parmentier qui estime que les soutiens de l'Ukraine pourraient ne pas dépêcher de ministre des Affaires étrangères au Conseil de sécurité pour "attribuer moins d'attention à la Russie".

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franceinfo : Cela semble assez paradoxal qu'un pays en guerre et agresseur se retrouve à la présidence du Conseil de sécurité. Est-ce surprenant ?

Florent Parmentier : Le ministre des Affaires étrangères ukrainien a profité de cette présidence tournante pour critiquer le fonctionnement de l'ONU. D'autant que le 10 avril, il y aura une discussion sur le soutien militaire à l'Ukraine. On a effectivement, en termes de calendrier, quelque chose d'extrêmement paradoxal, mais finalement de très peu surprenant dans la mesure où il faut se souvenir que les présidences tournantes du Conseil de sécurité de l'ONU, c'est finalement chacun des quinze membres de ce conseil qui est représenté par rotation.

Quelles conséquences concrètes peut avoir cette présidence russe ?

Je pense que les premières conséquences concrètes qu'il pourrait y avoir, c'est tout simplement, de la part des États qui soutiennent l'Ukraine, une forme de dégradation du niveau de représentation des pays concernés.

"Plutôt que d'envoyer des ministres des Affaires étrangères, les pays vont envoyer, sans doute, des personnes de moindre importance pour siéger dans cette instance."

Florent Parmentier,  secrétaire général du Cevipof

à franceinfo

Il n'y aura pas de boycott, mais les pays vont chercher à relativiser l'importance de la présidence russe. Le boycott serait véritablement étonnant dans cette période. On n'a pas eu d'équivalent jusqu'à présent. Il y a eu par le passé la suspension de l'Afrique du Sud en 1974 et des institutions de l'ONU, mais c'était dans un contexte très différent. C'était aussi un membre qui n'était pas un membre permanent du Conseil de sécurité. L'idée d'une suspension ou d'un boycott total paraît compliquée. En revanche, l'idée d'attribuer moins d'attention paraît possible avec cette volonté, en quelque sorte, de mettre la Russie en minorité pendant le mois où elle s'occupe de cette présidence tournante. Ce sera vraisemblablement la stratégie choisie par les soutiens de l'Ukraine.

Les États-Unis estiment que la Russie ne devrait pas être membre de ce Conseil de sécurité des Nations unies, en tout cas pas membre permanent. Est-ce que la question se pose, d'après vous, dans cet organe multilatéral ?

C'est une déclaration qui est politique plutôt qu'effective sur un plan institutionnel. Il est tout à fait normal qu'Antony Blinken porte cette position-là, alors même que l'un de ses compatriotes, journaliste au Wall Street Journal, vient d'être arrêté par le FSB. Il est évident que les États-Unis questionnent la présence de la Russie dans un moment très particulier où elle est en guerre avec l'Ukraine.

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