Pourquoi le naufrage du ferry traumatise la Corée du Sud

C'est un drame que la Corée du Sud n'est pas près d'oublier. Lundi 21 avril, un présentateur d'une chaîne de télévision n'a pas pu retenir ses larmes au moment d'annoncer que la liste des victimes s'allongeait. Six jours après le naufrage du ferry Sewol, au large de la Corée du Sud, le bilan est de 121 morts et de près de 181 disparus. 

Au-delà du nombre de victimes, ce sont les circonstances de l'accident qui traumatisent le pays. Francetv info vous explique pourquoi.

1Parce que les victimes sont des lycéens

Le jour du naufrage, 476 personnes se trouvaient à bord du ferry qui devait relier le port d'Incheon à l'île de Jeju. Parmi elles, 352 élèves d'un lycée d'Ansan, une ville de la banlieue de Séoul, partis en voyage scolaire.

2Parce qu'elles ont envoyé des SMS à leurs proches

Entre le choc qui a immobilisé le navire et le naufrage, 40 longues minutes se sont écoulées. Les passagers ont eu le temps d'envoyer des SMS à leurs proches pour décrire leur situation de péril ou faire leurs adieux. "Maman, je te le dis maintenant parce que j'ai peur de ne pas pouvoir le faire plus tard : 'Je t'aime.'", écrivait l'un d'entre eux. "Je ne peux pas sortir, le bateau penche trop, le couloir est plein de gens", explique une autre, rapporte un reportage de France 2.

3Parce que l'accident reste incompréhensible

Dans ce pays riche et moderne, l'ampleur de la catastrophe a stupéfait la population. "Quel est l'intérêt d'avoir l'internet le plus rapide du monde, les smartphones les plus cools, les meilleurs chantiers navals lorsqu'on n'est pas capable de sauver nos enfants ?", s'est interrogé samedi 19 avril un internaute sur le portail Naver.com. On ne connaît toujours pas les causes de l'accident.

4Parce que l'équipage et les secours ont tergiversé

Le comportement du capitaine Lee Joon-Seok, révélé par l'enregistrement des communications avec les secours, a choqué les Coréens, au point que la présidente du pays l'a publiquement accusé de meurtres. Il a d'abord retardé, d'après les premiers éléments de l'enquête, l'évacuation du navire, en donnant pour consigne aux passagers de ne pas bouger. Il a ensuite quitté le Sewol alors que de nombreuses personnes étaient toujours bloquées à l'intérieur. Il a été arrêté samedi 19 avril, avec deux membres d'équipage.

Les secours sont également critiqués par les familles des victimes pour leur retard, et leur matériel déficient. Comme l'explique un journaliste de RFI sur son blog, les navires des garde-côtes ont tardé à se déployer sur la zone, et les plongeurs ont dû attendre samedi pour pénétrer dans l'épave. Et l'équipement des plongeurs de la police ne leur permettait pas de rester plus de 15 minutes sous l'eau...

5 Parce que le directeur adjoint du lycée s'est suicidé

L'adjoint au principal de l'établissement scolaire d'où venaient les lycéens a été retrouvé mort vendredi, pendu à un arbre à proximité du gymnase où sont rassemblées les rescapés et les familles des victimes. Il était lui-même rescapé du naufrage. Selon l'agence Yonhap, il s'agit d'un suicide. "Survivre seul est trop difficile... J'endosse toute la responsabilité", indique une lettre retrouvée par la police.