Cet article date de plus de dix ans.

Naufrage en Corée du Sud : "Faites-leur porter des gilets de sauvetage et faites-les évacuer !"

La transcription des conversations entre les autorités maritimes et le ferry qui a coulé il y a cinq jours montre l'indécision qui règne à bord du "Sewol", alors que le navire s'apprête à sombrer. Le drame a fait 64 morts et 238 disparus.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les opérations se poursuivent lundi 21 avril 2014 au large des côtes de Jindo (Corée du Sud), où les plongeurs tentent de retrouver des corps piégés dans la coque du navire. (ED JONES / AFP)

La Corée du Sud est abasourdie par la réaction de l'équipage, cinq jours après le naufrage du ferry qui a fait 64 morts et 238 disparus. Les échanges avec les autorités maritimes lors de l'accident ont été rendus publics dimanche 20 avril. Ils dépeignent un équipage paniqué, incapable de prendre une décision, alors que le Sewol, immobilisé après un choc, s'apprête à sombrer.

Selon les transcriptions de ces échanges, publiés notamment par l'agence Associated Press et par CNN (articles en anglais) et traduits par Le Monde.fr, les autorités coréennes ordonnent de s'assurer que tout le monde porte un gilet de sauvetage, tandis que l'équipage s'affole et demande quand vont arriver les bateaux de secours.  Selon les témoignages des rescapés, après que le ferry s'est immobilisé, les passagers ont reçu la consigne de ne pas bouger, pendant plus de quarante minutes. Par la suite, lorsque le ferry a commencé à piquer du nez, il était trop tard pour sortir du bateau, les passagers ne parvenant pas à remonter le long de couloirs glissants, en oblique, alors que l'eau s'engouffrait. 

La transcription des conversations entre les autorités maritimes (VTS) de Jindo et l'équipage montrent l'indécision qui règne à bord du Sewol, alors que le navire s'apprête à sombrer. A plusieurs reprises, le Sewol s'inquiète de l'arrivée des secours sur place et semble hésitant sur la situation à bord. Voici des extraits de ces conversations.

A 9h07

Sewol : VTS de Jindo, ici le ferry Sewol.

VTS : Ferry Sewol, ferry Sewol, ici le VTS. Etes-vous en train de couler maintenant ?

Sewol : Oui, exactement. S'il vous plaît, envoyez les garde-côtes immédiatement. 

(...)

A 9h10

(...)

Sewol : Nous prenons de la gite. Nous allons bientôt couler.

VTS : Comment réagissent les passagers ? [Navire A] approche de votre bateau aussi vite qu'il le peut.

Sewol : Nous sommes trop inclinés, nous ne pouvons quasiment pas bouger.

A 9h12

VTS : Sewol, ici le VTS de Jundo. Les passagers sont-ils sur des radeaux ou des canots de sauvetage ?

Sewol : Non, pas encore. Le navire est trop incliné, nous ne pouvons pas bouger.

A 9h24

VTS : Même s'il est impossible de diffuser, tâchez de sortir autant que vous pouvez et faites mettre des gilets de sauvetage aux passagers ainsi qu'autant de couches de vêtements que possible.

Sewol : Si le ferry évacue les passagers, serez-vous en mesure de les secourir ?

VTS : Au moins, faites-leur porter des gilets de sauvetage et faites-les évacuer !

Sewol : Si le ferry évacue les passagers, seront-ils secourus immédiatement ?

VTS : Ne les laissez pas sortir sans rien, faites-leur au moins porter des gilets de sauvetage et faites-les évacuer !

A 9h37

VTS : Ferry Sewol, ferry Sewol, ici le VTS de Jindo.

Sewol : Oui, ici le ferry Sewol, ferry Sewol.

VTS : Quelle est la situation ?

Sewol : C'est impossible de vérifier. En ce moment, en fait... les passagers sont... Les garde-côtes et les autres navires sont à 50 mètres. A travers le flanc gauche, les gens qui vont évacuer tentent d'évacuer. J'ai fait une annonce, mais c'est impossible de se déplacer vers le côté gauche.

VTS : OK, bien reçu.

Sewol : Le navire est penché à 60 degrés sur la gauche. En ce moment, même l'avion est au-dessus... les garde-côtes...

 

Après ces échanges, la trancription fait état d'appel SOS du VTS de Jindo en direction d'autres navires pour qu'ils apportent leur aide. Le Sewol, lui, ne répond plus.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.