"Je ne sais plus ce que nous sommes censés faire" : à Gaza, le cri du cœur d'un chirurgien dépassé par la situation chaotique dans les hôpitaux
Pas l'ombre d'une trêve à Gaza. L'armée israélienne multiplie les frappes dans le cadre de son opération contre le Hamas qui pourrait selon elle durer encore de "nombreux mois" en dépit des vives préoccupations humanitaires. Les forces israéliennes "combattent à Khan Younès" et "étendent" leurs opérations dans des camps du centre, a indiqué mardi 26 décembre le porte-parole de l'armée, Daniel Hagari. La France se dit "gravement préoccupée" par cette annonce, a affirmé le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué.
Sur place, la situation humanitaire se rapproche chaque jour un peu plus du gouffre : si la guerre a forcé 1,9 million de personnes à fuir leur foyer dans la bande de Gaza, soit 85% de la population selon l'ONU, la famine menace dans le territoire et la plupart des hôpitaux sont hors service. Et, chaque jour, c'est un défilé d’ambulances et de blessés qui arrivent dans le plus grand hôpital de la bande de Gaza encore fonctionnel, à Khan Younès, racontent les habitants encore sur place. "C'est un chaos. Il y a des dizaines de personnes blessées, elles sont à même le sol de l’hôpital. Les docteurs essaient de les soigner...", nous écrit par exemple Noor, une jeune Gazaouie.
"Combien d’autres encore devront mourir ?"
Le docteur Ahmed Moghrabi, chef du service de chirurgie plastique de l’hôpital Nasser le précise : il a dû travailler 24 heures sur 24h, pendant plus de 80 jours. Il est aujourd'hui épuisé et fait exploser sa colère dans une vidéo : "Comment peut-on laisser toute la population mourir de faim ? Combien d’autres encore devront mourir avant ce cessez-le-feu ?", demande-t-il.
"Moi, en tant que docteur, en tant que chirurgien, je ne peux pas sauver des vies correctement alors que je suis supposé le faire. Car je n’ai pas les outils adaptés, je n’ai plus les équipements médicaux appropriés. Et mes patients n’ont pas de nourriture correcte, et pour nettoyer leurs plaies, ils n’ont pas d’eau propre. Je ne sais plus ce que nous sommes censés faire, je ne sais pas. Tous sont en train de mourir de faim, de froid, de contamination de l’eau..." décrit-il en direct et en anglais sur Al-Jazeera, avant de s'adresser aux pays occidentaux : "Vous, je ne sais pas comment vous laissez passer ça..."
Plus de 240 personnes ont été tuées lors des 24 dernières heures, a indiqué mardi le ministère de la Santé du Hamas.
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