Reportage "Des gens se lavent avec de l'eau mélangée avec les égouts" : à Gaza, les conditions sanitaires favorisent la propagation de maladies comme la polio

Alors que le premier cas de polio à Gaza a été annoncé par le ministère de la Santé du Hamas, plusieurs associations et organisations mondiales appellent à un cessez-le-feu de la guerre menée par Israël, pour mettre en place une campagne de vaccination.
Article rédigé par franceinfo - Jules Brelaz
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Temps de lecture : 2 min
Les déchets s'accumulent dans la rue, dans le camp de réfugiés palestiniens à Jabalia, au nord de la bande de Gaza, le 14 août. Ilustration. (OMAR AL-QATTAA / AFP)

Dix mois après le début de la guerre entre Israël et le Hamas, l’ONU, l’OMS et l’Unicef appellent vendredi 16 août à des pauses humanitaires de sept jours dans la bande de Gaza. L'objectif serait alors de vacciner plus de 640 000 enfants contre la poliomyélite. Un premier cas confirmé de cette maladie très contagieuse et mortelle aurait été détecté, annonce faite par le ministère palestinien de la Santé. Avant même que cette information soit confirmée par les ONG, une chose est sûre : les conditions de vie à Gaza favorisent la circulation de ces maladies infectieuses.

Comme des milliers d’autres Gazaouis, Nabil Diab et sa famille vivent et dorment sous une tente installée depuis des mois maintenant à Deir El Balah, ville située au milieu de la bande de Gaza où les plus jeunes notamment manquent de tout selon ce journaliste : "Manque de nourriture, de médicaments... Les enfants vivent dans des tentes dans de mauvaises conditions, surtout avec la chaleur, l’humidité et le manque d'eau potable. Il y a des gens qui se lavent avec de l'eau mélangée avec les égouts, donc ça crée beaucoup de maladies." Des problèmes de santé que Nabil Diab voit de près : "Je suis aussi un père, j'ai trois enfants. Ma petite fille souffre d'asthme et ça m'a créé beaucoup de problèmes pour avoir de la Ventoline alors que c'est la moindre des choses."

Détritus et maladies

Selon un rapport publié en juillet dernier par l’ONG néerlandaise PAX, des centaines de milliers de tonnes de déchets s’empilent dans les rues de la bande de Gaza, souvent à proximité des tentes des camps de personnes déplacées. Ces détritus attirent rongeurs et insectes, qui propagent à leur tour des maladies infectieuses, explique Médecins sans frontières (MSF). "Aujourd'hui, dans les centres de santé que MSF supporte, on voit qu'un patient sur deux vient pour des infections cutanées et beaucoup de patients, surtout des enfants, présentent des infections respiratoires et des maladies diarrhéiques", explique Julie Faucon, qui coordonne depuis Jérusalem les actions menées dans le territoire palestinien.

Besoin de médicaments, de vaccins, mais aussi de chirurgie, poursuit Julie Faucon : "Il y a en effet énormément d'enfants qui ont été tués, blessés, et beaucoup qui nécessitent des soins très importants mais qui ne sont plus accessibles à Gaza. Par exemple, les cas pédiatriques qui auraient besoin de chirurgie reconstructrice ne sont plus en mesure d'être pris en charge à Gaza".

"Il faut absolument qu'un cessez-le-feu soit mis en place afin que ces patients puissent être pris en charge."

Julie Faucon, coordinatrice Médecins sans frontières

franceinfo

Il y a urgence alors à soigner et vacciner. Le ministère palestinien de la Santé a affirmé vendredi 16 août qu'un bébé de 10 mois a été infecté par le virus de la polio. Des campagnes de vaccination contre la poliomyélite sont prévues à la fin du mois d’août et en septembre afin de prévenir la propagation du variant de ce virus, très contagieux et mortel, qui circule actuellement dans l’enclave palestinienne.

La situation sanitaire à Gaza : reportage de Jules Brelaz

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