L'Autorité palestinienne suspend la chaîne de télévision Al Jazeera en Cisjordanie
L'Autorité palestinienne a décidé, mercredi 1er janvier, de suspendre la diffusion et les activités de la chaîne qatarie Al Jazeera dans les territoires palestiniens, l'accusant notamment d'"incitation à la sédition" et d'"ingérence" dans ses affaires. L'Autorité palestinienne, présidée par Mahmoud Abbas, détient une autorité administrative partielle en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967. Ses forces de sécurité sont impliquées depuis plusieurs semaines dans des affrontements violents à Jénine avec des factions armées, qui ont déjà fait une dizaine de morts, rappelle Le Monde.
Ces groupes, dont la plupart des membres appartiennent au Hamas et au Jihad islamique, se considèrent plus efficaces pour lutter contre Israël que l'Autorité palestinienne. La chaîne qatarie a dénoncé cette suspension, estimant qu'elle constitue "une tentative de masquer la réalité sur le terrain dans les territoires occupés, en particulier dans des villes comme Jénine et son camp de réfugiés". Elle intervient à un moment "où l'Autorité palestinienne tente de dissuader Al Jazeera de couvrir l'aggravation des événements dans les Territoires palestiniens occupés" et après "une campagne d'intimidation" menée à l'encontre de ses journalistes, a-t-elle ajouté.
Le Hamas, grand rival du Fatah, a qualifié la décision de suspendre Al Jazeera de "violation flagrante de la liberté de la presse" et d'"acte répressif destiné à faire taire les voix dissonantes", appelant l'Autorité palestinienne à "revenir immédiatement sur sa décision". Le Jihad islamique, autre groupe palestinien armé, a aussi protesté contre cette interdiction.
Une décision "profondément inquiétante"
Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a demandé jeudi l'annulation de cette décision. "Nous sommes profondément préoccupés par la suspension par l'Autorité palestinienne des activités et [le travail] des reporters d'Al Jazeera en Cisjordanie dans le cadre d'une tendance inquiétante à la suppression de la liberté d'opinion et d'expression dans le territoire palestinien occupé", a écrit le Haut-Commissariat sur X.
L'organisation Reporters sans frontières (RSF) a réclame également l'annulation de cette décision, la qualifiant d'"acte de censure inacceptable". L'organisation estime que cette suspension est "illégale", car elle "n'a pas été prise par l'autorité judiciaire".
La diplomatie allemande dénonce elle aussi une décision "profondément inquiétante". "La liberté de la presse est un atout précieux" et "doit être également garantie dans les zones de conflit", a réagi le ministère allemand des Affaires étrangères sur X.
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