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La bande de Gaza bientôt sans eau

Plus de 90% de l’eau disponible dans la bande de Gaza est impropre à la consommation. Les habitants ne peuvent couvrir que le quart de leurs besoins. Au train où vont les choses, en 2020 la nappe phréatique sera impropre à la consommation.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Plage de Gaza. (Reuters)

Aujourd’hui, il n’existe qu’une source d’approvisionnement. Une nappe phréatique peu profonde, que se partagent le territoire palestinien, Israël et l’Egypte. Trois, pour une ressource fragile alimentée par les pluies tombant sur la bande de Gaza et les hauteurs israéliennes. On estime que la nappe se recharge au mieux de 125 millions de m3 par an, au pire de seulement 75 millions.
 
La nappe est fragile. Il ne faudrait pas dépasser un pompage de 100 millions de m3 pour garantir son existence. Or, 4000 puits ont été creusés qui soutirent jusqu’à160 millions de m3. Le niveau baisse, faisant la place à des infiltrations d’eau de mer et des remontées d’eau saumâtre.
 
Voilà pour les causes. Les conséquences sont terribles pour la population, bien pire que les stigmates des huit années de blocus et des opérations militaires. 20.000 habitations détruites, 148 écoles et 15 hôpitaux endommagés.
 
L’eau source de vie
«On ne peut pas la boire, on ne peut pas cuisiner avec, ni laver les légumes», déclare à RT une Palestinienne dans sa cuisine. «On nous oblige à acheter de l’eau potable à l’extérieur.» L’extérieur, c’est un pick-up chargé d’une réserve d’eau qui parcourt les rues. Le mètre cube est vendu 5,25 dollars.
 
Un immeuble hébergeant 30 personnes consomme 5m3 d’eau par jour. Un habitant explique que par souci d’économie, la chasse d’eau n’est tirée que deux fois chaque jour. Quant à la douche… la famille a établi un planning !
 
Les Palestiniens accusent Israël d’utiliser l’eau comme une arme, en pompant excessivement dans la nappe. Une chose est sûre, l’agriculture, comme ailleurs dans le monde, est responsable de l’essentiel de la consommation (70%). La plupart des 4000 puits ont été creusés à des fins agricoles et de façon illégale pour la moitié d’entre eux.
 
Trop de sel
La pollution n’arrange rien. Peu d’habitations sont raccordées au tout-à-l’égout. Souvent, les eaux usées sont versées dans un puits sans fin et s’infiltrent inexorablement vers la nappe. Même chose pour les pollutions agricoles. Selon les experts, en 2020, l’eau sera tellement salée qu’on ne pourra plus la traiter.

 
Des projets
L’Agence française de développement (AFD) a lancé la construction d’une station d’épuration au nord de la bande de Gaza. Un projet de 20 millions d’euros qui devrait être achevé à la mi-2016. Selon l’AFD, «la réutilisation des eaux usées traitées pourra bénéficier à environ 1.500 agriculteurs».
 
Sans minimiser les projets en cours, ils sont loin de répondre aux besoins. D’autant que les spécialistes de la gestion de l’eau sont confrontés à une population pauvre qui n’a pas les moyens de payer ses factures. Dessaler l’eau de la Méditerranée serait une solution, mais là aussi la facture est… salée. Une usine coûte 300 millions de dollars !
 
Ils sont 1,8 million de Gazaouis. Dans cinq ans, ils seront 500.000 de plus. Si rien n’est fait d’ici là, vivre sur la bande de Gaza sera juste impossible.

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