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Présidentielle: Kouchner à Kaboul

Le chef de la diplomatie s'est dit "inquiet" du "blocage" à l'élection présidentielle afghane, dimanche à Kaboul
Article rédigé par France2.fr
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Bernard Kouchner (archives JT 20h - février 2009) (© France 2)

Le chef de la diplomatie s'est dit "inquiet" du "blocage" à l'élection présidentielle afghane, dimanche à KaboulLe chef de la diplomatie s'est dit "inquiet" du "blocage" à l'élection présidentielle afghane, dimanche à Kaboul

Le chef de la diplomatie française s'est rendu en Afghanistan samedi afin d'appeler au respect des résultats du scrutin présidentiel afghan du 20 août.

"Il semble que tout le monde ne soit pas prêt à en accepter les résultats", toujours pas annoncés deux mois après son déroulement, a-t-il estimé.

"En France, en Europe, dans le monde, on voudrait bien comprendre ce qui se passe" autour de ce scrutin controversé, a déclaré Bernard Kouchner lors d'un point presse à Kaboul, précisant s'exprimer "au nom des 27 pays de l'Union européenne".

Les autorités électorales afghanes, censées annoncer si un vainqueur avait été désigné ou si un 2e tour s'imposait, tardaient à le faire dimanche. La présidentielle du 20 août a été entachée de nombreuses accusations de fraude. En coulisses, des négociations serrées avaient lieu entre les deux principaux candidats, le président sortant Hamid Karzaï et l'ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah, que Bernard Kouchner a rencontrés séparément.

Les partisans d'Abdullah Abdullah, principal rival du président sortant Hamid Karzaï, ont menacé samedi de manifester dans le nord du pays si Hamid Karzaï était déclaré vainqueur.

Le voyage du chef de la diplomatie française à Kaboul s'inscrit "dans le contexte de tension provoqué par l'attente de la proclamation des résultats électoraux, longtemps différés", avait expliqué le Quai d'Orsay samedi matin. "Il appartiendra à tous de les respecter (les résultats, ndlr), et d'oeuvrer pour le bon déroulement soit de l'investiture du candidat élu, si une majorité absolue se dégage, soit de la préparation du second tour, si une telle majorité n'apparaît pas", ajoute le ministère. Bernard Kouchner "délivrera un message de confiance dans l'esprit de responsabilité des deux candidats vis-à-vis de ces résultats, quels qu'en soient la nature. Ces résultats seront en effet l'aboutissement d'un processus électoral minutieusement vérifié par la commission électorale indépendante et par la commission des recours, processus au cours duquel les fraudes et distorsions ont été systématiquement identifiées", précise encore le texte.

Des suspicions de fraude massive

Bernard Kouchner s'est rendu en Afghanistan alors que la présidentielle controversée du 20 août est entachée de soupçons de fraude massive.

Vendredi, on apprenait qu'une enquête sur les fraudes présumées aurait estimé à 47% -au lieu de 54,6%- le résultat du président sortant Hamid Karzaï. Selon le Washington Post, une source officielle a déclaré que le pointage effectué par la Commission des plaintes électorales (ECC) était "ahurissant".

Jeudi, l'ambassadeur afghan aux Etats-Unis avait affirmé qu'un deuxième tour de l'élection présidentielle, dont le vote a été entaché par des soupçons de fraude, était "probable". Said Tayeb Jawad est le premier proche du président Karzaï à indiquer publiquement que l'Afghanistan se prépare à un deuxième tour, même s'il a précisé qu'il n'avait pas d'informations particulières de la part des autorités électorales.

Des résultats préliminaires ont attribué à Hamid Karzaï un score de 54,6% des voix au 1er tour, contre 27,8% à son principal rival, l'ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah.

Des bulletins de vote ont été imprimés

Une source officielle américaine en Afghanistan a indiqué au Washington Post que des bulletins de vote au nom des deux candidats, imprimés à Londres en prévision d'un deuxième tour, avaient déjà été envoyés à la mission de l'ONU à Kaboul. Selon le journal, l'encre indélébile nécessaire au scrutin est également à disposition, et du matériel pour bureaux de vote sera prêt à être distribué cette semaine.

Pour les observateurs de l'Union européenne, un quart des bulletins de vote, soit 1,5 million, sont "suspects", dont 1,1 million auraient profité à Hamid Karzaï et 300.000 à Abdullah Abdullah.

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