Présidentielles au Brésil: Marina Silva, candidate atypique et redoutée
C’est un accident tragique qui l'a propulsée sur le devant de la scène politique. Le 13 août dernier, Eduardo Campos, candidat socialiste à l’élection présidentielle au Brésil, décèdait dans le crash de son avion de campagne. Mercredi, sa colistière pour la vice-présidence, Marina Silva, 56 ans, acceptait de le remplacer. “Nous n’allons pas perdre la foi en le Brésil ”, a-t-elle lancé dans un discours prononcé ce jour là, reprenant les mots de Campos quelques jours avant sa mort.
Candidate socialiste de dernière minute donc, mais une militante écologiste qui n’est pas inconnue des électeurs. Ce petit bout de femme est la révélation des élections présidentielles 2010, après avoir obtenu près de 20% des voix avec son Parti des Verts, et arrivant ainsi à la troisième place du scrutin. Dilma Rousseff avait elle remportée les élections, succédant à Lula. Un affrontement entre les deux femmes qui n’est ni le premier, ni le dernier.
Une adversaire historique de Dilma Rousseff
Née en 1958 dans une communauté de récoltants de caoutchouc, analphabète jusqu’à son âge de 16 ans, Marina Silva s’est lancée en politique aux côtés du défenseur de l’Amazonie Chico Mendes, abattu en 1988, dans la lutte contre la déforestation.
Alors membre du Parti des Travailleurs (PT), c’est en tant que ministre de l'Environnement sous la présidence de Lula, qu’elle s’oppose à de nombreux responsables du PT, dont Dilma Rousseff. Des affrontements au sujet notamment de barrages hydroélectriques en Amazonie.
Une dangereuse contradiction ?
Eté 2013, alors que des manifestations s’organisent dans le pays et que la classe politique est rejetée, Marina Silva incarne à sa manière une alternative, un désir de changement. Elle souhaite rompre l'alternance traditionnelle entre le PT et les sociaux-démocrates. Mais pour Carlos Malamud, chercheur pour l’Amérique latine du Real Instituto Elcano d’études internationales, il existe “une dangereuse contradiction ” chez ce personnage qui attire non seulement un éléctorat révolté, mais également les évangélistes.
"Marina Silva est à la tête d'une alternative présentée comme progressiste malgré ses croyances religieuses ", relève-t-il, se demandant dans quelle mesure ses valeurs religieuses pourraient, une fois élue, dicter ses choix politiques. La candidate s’oppose en effet à la dépénalisation de l’avortement et du cannabis, ainsi qu’au mariage gay et à la recherche avec les cellules souches.
Critiquée pour son langage trop abstrait, et parfois à la limite de l’incompréhensible, Marina Silva reste un personnage dit charismatique, et s’impose comme candidate sérieuse contre la présidente sortante Dilma Rousseff. Selon un sondage diffusé lundi et en cas de second tour, Marina Silva gagnerait face à Rousseff, à 47% contre 43%.
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