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Français condamnés à mort en Irak : cette peine est "barbare et n'aura aucune conséquence en termes de prévention"

Guillaume Denoix De Saint-Marc, directeur de l’Association française des victimes du terrorisme (AFTV), souhaite que leur peine de mort soit "commuée en prison à vie".

Article rédigé par franceinfo
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Le tribunal de Bagdad, le 29 mai 2019. (SABAH ARAR / AFP)

Guillaume Denoix De Saint-Marc, directeur de l’Association française des victimes du terrorisme (AFTV), refuse de demander la peine de mort pour les Français condamnés en Irak pour appartenance au groupe État islamique. Il voudrait que la peine de mort soit "commuée en prison à vie", a-t-il affirmé mercredi 29 mai sur franceinfo. "C'est se mettre à leur niveau que de réclamer la peine de mort (…) Nous défendons la vie, nous défendons l'humanité, nous défendons un certain nombre de valeurs et il ne faut pas qu'on abandonne ces valeurs au prétexte qu'elles ont été spoliées par eux", a-t-il déclaré.

franceinfo : Quelle est la position de votre association ? Juger en Irak pourquoi pas, mais pas la peine de mort, c'est ça ?

Guillaume Denoix De Saint-Marc : Oui c'est surtout cet aspect-là qui nous pose problème pour plusieurs raisons. C'est pour cela que nous avons indiqué que nous sommes opposés à ce que la peine de mort soit appliquée et que nous aimerions qu'elle soit commuée en prison à vie ou une autre sentence. Ce, pour trois raisons. D'abord une raison de principe : on est viscéralement défenseur de l'abolition de la peine de mort. La deuxième chose, c'est que l'on s'aperçoit que certaines de ces personnes sont citées dans d'autres dossiers sur lesquels nous sommes parties civiles. Nous aimerions pouvoir les garder vivants pour pouvoir les interroger à un moment donné, qu'il y ait des procès en France ou ailleurs. Ces gens-là sont des témoins, ils faisaient partie d'un système. Pour comprendre ce système on a besoin de les interroger. Le troisième point, c'est que les tuer va les transformer en martyrs, c'est notre crainte.

Mais certaines personnes, parlant au nom des victimes disent : "ce ne sont plus des Français peu importe le sort qu'il leur est réservé".

Mais il y a beaucoup de gens qui parlent au nom des victimes qui ne sont pas des victimes du terrorisme. Nous ne souhaiterions pas ce qui nous est arrivé, même à notre pire ennemi et on ne veut pas tomber dans la barbarie. La peine de mort est barbare et n'aura aucune conséquence en termes de prévention. C'est prouvé, il n'y a donc aucune raison qu'elle soit appliquée. Et puis c'est se mettre à leur niveau que de réclamer la peine de mort. Nous défendons la vie, nous défendons l'humanité, nous défendons un certain nombre de valeurs et il ne faut pas qu'on abandonne ces valeurs au prétexte qu'elles ont été spoliées par eux.

A propos des camps en Syrie tenus par les forces kurdes, le Défenseur des droits en France demande d'intervenir pour mettre un terme à des traitements qui peuvent être inhumains en termes de santé et de conditions de vie. Là aussi c'est la même logique pour vous : il faut s'occuper des Français, quoi qu'ils aient fait ?

On est contre la torture, contre les traitements inhumains. Ces personnes doivent être jugées et condamnées pour des faits. Il ne s'agit pas de s'acharner sur ces personnes. Notre humanité, c'est d'arriver à faire ce qu'il faut, le minimum pour que les conditions soient acceptables. S'il y a des choses qui sont dénoncées par le Défenseur des droits, il faut que nous puissions agir et faire pression pour que les conditions soient décentes.

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