Reportage "On peut enfin souffler" : les habitants du nord d'Israël réapprennent à vivre dans un calme pourtant précaire

Après plus d'un an à se précipiter aux abris dès que les sirènes retentissent, les habitants du nord d'Israël savourent le calme retrouvé grâce à la trêve avec le Hezbollah, aussi fragile soit-il.
Article rédigé par Thibault Lefèvre
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une femme passe devant un abri en béton dans une rue de la ville de Ma'alot Tarshiha, dans le nord d'Israël, le 7 avril 2024. Photo d'illustration. (JALAA MAREY / AFP)

Pour la première depuis le début de la trêve, qui a commencé il y a 48 heures, les Israéliens ont frappé, avec le feu vert américain, des positions présumées du Hezbollah sur le territoire libanais. De l'autre côté de la frontière, la milice chiite n'envoie plus de roquettes sur le sol de l'État hébreu.

 La dernière roquette envoyée par la milice chiite et neutralisée par la défense aérienne israélienne a explosé dans la nuit de mardi à mercredi. "Ça fait une très grosse détonation, mais vraiment très forte qui faisait trembler les murs de la maison, raconte Johanna. On entendait vraiment le bruit du tremblement. Et après rien." 

"Ne plus être obligé de se demander où est l'abri le plus proche"

Rien à signaler donc, dans le ciel de Ma'alot-Tarshiha, à seulement sept kilomètres de la frontière libanaise, où vivent Johanna, son mari et leurs quatre enfants. "Je suis soulagée de ne plus avoir ce bruit déjà permanent, explique l'Israélienne. Ça me rappelle un peu quand on a pu sortir prendre les transports la première fois sans masque pendant la période du Covid. Ce n’est pas les mêmes implications, mais ça va peut-être faire un peu ça... Et surtout, ne plus être obligé d'être tout le temps en train de me dire où est l'abri le plus proche."

"Je pense qu'on va devoir se réhabituer à sortir de manière plus sereine."

Johanna, habitante de Maalot

à franceinfo

Cinquante kilomètres plus au sud, la ville d'Haifa a été régulièrement visée par des drones et des roquettes et l'hôpital Rambam, accueille depuis les blessés de guerre. Il y a 380 soldats et 470 civils qui ont été soignés dans cet hôpital depuis plus d'un an.

"Un soulagement"

Ils sont encore 15 sous surveillance selon le docteur Philippe Abecassis : "Bien entendu, il y a un soulagement, explique le docteur Philippe Abécassis. On continuait à aller se cacher dans des abris dans l'hôpital ou dans les escaliers. C'était stressant pour nous et par rapport aux malades. C'est terminé heureusement, on peut enfin souffler", confie-t-il.

Avant de glisser : "Et surtout, je dirais, la chose la plus importante pour le personnel hospitalier, c'est venir de la maison. Quand vous avez, comme c'est arrivé pratiquement tous les jours, des alertes, et que vous avez 20 minutes de route sur des endroits qui sont complètement déserts. Vous ne pouvez pas vous protéger et ça, ça fait très peur."

"On a un hôpital qui, depuis la guerre de 1973, a l'habitude. Je ne dirais pas que les blessés ou la guerre, c'est dans l'ADN de l'hôpital, mais un peu tout de même."

Docteur Philippe Abecassis

à franceinfo

L'établissement n'est pas pour autant revenu à un fonctionnement tout à fait normal. Des lits d'hospitalisation sont toujours au sous-sol, dans un parking aménagé, à l'abri des roquettes.

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