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Témoignage Ambassadeur de France en Irak, une vie "très contrainte" rythmée par la menace terroriste

Éric Chevallier est ambassadeur de France en Irak depuis deux ans. À l'occasion d'un déplacement à Paris pour la conférence annuelle des ambassadeurs, le diplomate a accepté de se confier sur sa vie à l'ambassade à franceinfo.
Article rédigé par Frédéric Says
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Éric Chevallier, ambassadeur de France en Irak, lors d'une cérémonie de l'Otan, à Bagdad, le 24 mai 2023. (AHMED JALIL / EPA)

Oubliez les clichés sur les réceptions de l'ambassadeur. À Bagdad, le risque terroriste pèse sur les moindres gestes du quotidien d'Éric Chevallier, qui représente la France depuis deux ans en Irak. "Le plus difficile, c'est d'être loin de sa famille et d'avoir une vie très contrainte, de ne se déplacer qu'en véhicule blindé et de ne pas pouvoir marcher dans la rue. Ne pas pouvoir dire tiens, je vais quand même aller respirer quelques minutes, aller boire un café en ville, ça, évidemment, ça n'existe pas."

>> État islamique : la menace est toujours présente en Syrie et en Irak

En Irak, en début de semaine, un soldat français, Nicolas Mazier, a été tué au cours d'une opération anti-terroriste. C'est le troisième décès en un mois au sein des troupes françaises mobilisées sur le sol irakien, dans le cadre de la lutte contre Daech. Éric Chevallier a été l'un des premiers avertis de sa disparition. "Je tiens d'ailleurs vraiment à adresser toutes mes condoléances et ma solidarité avec les familles et le monde militaire", confie l'ambassadeur.

"On est très loin de la fin de Daech"

À Bagdad, l'ambassade de France est entourée de murs anti-explosifs, de barbelés et de quatre cordons de sécurité. En Irak, Daesh, l'État islamique n'a pas disparu, assure Éric Chevallier. "Il reste des cellules opérationnelles et dormantes de Daesh dans le pays. Ce ne sont pas des grands groupes, ce sont des petites unités. On est évidemment très, très loin de la situation, d'il y a quelques années, où Daesh contrôlait un tiers du territoire irakien, qui est un immense territoire et qui a failli arriver jusqu'à Bagdad. Mais on est très loin de la fin de Daech."

Des initiatives culturelles ou sportives

Et dans le cadre de l'opération antiterroriste Chammal, 600 soldats français sont actuellement mobilisés sur place. Mais la mission de l'ambassadeur va bien au-delà des aspects sécuritaires. Il développe aussi des initiatives culturelles ou sportives, par exemple un soutien à la pratique féminine du football chez les jeunes Irakiennes. "On a permis, par exemple, qu'elles viennent se former en France. Et je vous assure, quand on voit le regard de ces jeunes femmes qui n'ont jamais voyagé, qui ont vécu ces périodes difficiles, qui veulent faire quelque chose qui n'est habituellement pas très facile dans leur société, c'est effectivement une perspective formidable et les regards sont extraordinaires."

Les partenariats se multiplient car la diplomatie française mise sur l'Irak, pays situé stratégiquement entre la Syrie, l'Iran et la Turquie, des États plus hostiles à Paris. Emmanuel Macron doit se rendre à Bagdad dans deux mois. 

Le témoignage de l'ambassadeur de France en Irak, recueilli par Frédéric Says

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