Accord entre Israël et le Hamas : "Le mot trêve n'est plus tabou", souligne Jean-Yves Le Drian

Invité de franceinfo mercredi, Jean-Yves Le Drian, ancien ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, est revenu sur l'accord entre Israël et le Hamas. Depuis le 7 octobre, la trêve "n'était pas envisageable pour les autorités israéliennes", selon lui.
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Jean-Yves Le Drian, ancien ministre des Affaires étrangères, était mercredi 22 novembre l’invité du 8h30 franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Quelques heures après l'annonce d'un accord entre Israël et le Hamas, Jean-Yves Le Drian, ancien ministre de l'Europe et des Affaires étrangères assure mercredi 22 novembre sur franceinfo que "le mot trêve n’est plus tabou". Depuis le 7 octobre, la trêve "n'était pas envisageable pour les autorités israéliennes", dit-il. C'est donc "un point important", pour l'ancien ministre. Ensuite, cet accord montre que "des canaux fonctionnent" entre les parties. "On peut indirectement se parler pour aboutir à un dispositif qui est sans doute techniquement difficile à mettre en œuvre", d'après lui.

L'accord entre Israël et le Hamas survenu dans la nuit de mardi à mercredi prévoit la libération de 50 otages aux mains du Hamas en échange de la libération de prisonniers palestiniens et une trêve de quatre jours dans la bande de Gaza. "Quatre jours, ce n'est pas rien", analyse Jean-Yves Le Drian qui salue au passage le rôle important joué par le Qatar et les États-Unis dans les négociations.

Au-delà des explications, pour le représentant officiel du président de la République au Liban, cet accord est aussi "une bonne nouvelle", la "première depuis le 7 octobre". Il montre qu'"il y a de l'espoir". Toutefois, l'ancien ministre reste prudent : "Tant que les choses ne sont pas faites, elles ne sont pas faites. J'attends avec impatience de voir les images des otages libérés". "De là à ce que la trêve puisse aboutir à un cessez-le-feu, il n'y a qu’un pas et j'espère qu'il sera franchi".

En attendant, "il ne faut jamais oublier ce qui s’est passé le 7 octobre". Jean-Yves Le Drian revient sur l'attaque du Hamas en Israël qu'il qualifie d'"insupportable" et rappelle le positionnement de la France : "Je comprends qu’Israël estime devoir riposter parce qu'il est en légitime défense. Mais, poursuit-il, d’un autre côté, il ne faudrait pas que la volonté d’éradiquer le Hamas ne joue l'effet boomerang". Jean-Yves Le Drian s'explique. Selon lui, il ne faudrait pas que les actions "extrêmement violentes" menées actuellement par Israël, "fassent en sorte qu'un peuple palestinien sans avenir, sans perspective puisse se réfugier dans la violence".

L'ancien ministre craint les attaques de demain et confie ne pas voir "l’effet final recherché". L'objectif d'Israël n'est pas clair d'après lui : "Éradiquer le Hamas, oui. Mais le Hamas ce n’est pas qu’une organisation". Pour lui, le sujet est bien plus vaste et soulève d'autres questions : "On ne va pas sortir les deux millions de Palestiniens qui habitent dans la bande de Gaza. Ils vont rester là. Il faudra donc bien traiter cette question. À quel moment on s'arrête ? À quel moment on dit que le Hamas est éradiqué ?", questionne-t-il sans pouvoir apporter de réponse. Il souhaite donc que cette période de trêve puisse "peut-être" être "le point de départ d'une réflexion sur le jour d’après", car "il faudra bien se poser la question du jour d'après".

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