: Reportage Attaques du Hamas contre Israël : "brisées", les familles à la recherche de leurs disparus sont "percutées de plein fouet par la réalité"
"Elle m'a écrit ceci: 'nous sommes morts de peur'". Comme Inbar, des dizaines de familles rongées par l'angoisse défilent dans le centre de commandement ouvert par la police et la défense civile israélienne à Tel-Aviv, près de l'aéroport. La trentenaire se raccroche au dernier message de sa nièce qu'elle a reçu samedi 7 octobre à 11h30, en plein assaut des commandos du Hamas contre certains kibboutz installés près de la frontière avec la bande de Gaza.
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Mais elle le sait : deux des huit neveux ont été tués lors de ces attaques. Et une terrible incertitude plane autour du sort de son frère et de sa soeur : "Je suis venue ici donner des détails sur eux, des échantillons d'ADN et tout ce qui peut permettre de les identifier, afin qu'ils reposent en paix. Mais peut-être que les autres sont encore en vie et qu'on les reverra bientôt...". Les familles peuvent, en effet, laisser ici un échantillon d'ADN afin qu'il soit recoupé avec la base de données des personnes dont la mort a été confirmée après l'attaque du Hamas contre Israël.
La famille d'Inbar vivait dans le kibboutz de Kfar Aza, tout proche de la bande de Gaza, théâtre d'un carnage. "Il y a encore beaucoup de flou, regrette Inbar, tout ce qu'on sait c'est que ça a été un massacre : les gens ont été abattus chez eux, dans leur lit." Prise en charge par une assistante sociale en gilet orange fluo, la trentenaire a pu aussi parler à une psychologue : "Ils font ce qu'ils peuvent pour aider des gens brisés, mais la réalité nous percute de plein fouet."
Un espoir ténu
Moshe et sa femme Yaël ressortent du centre de recherche aussi désemparés qu'en y entrant. Reverront-ils Agar, leur fille, mais aussi leurs trois petits enfants de 10, 8 et 4 ans qui vivaient aussi à Kfar Aza ? "Ils ne nous ont rien dit, c'est nous qui leur avons donné des informations", assure Yaël. "Nous leur avons indiqué que des témoins ont vu toute la scène : ma fille sortir avec les enfants et des hommes armés qui la menaçaient", reprend son mari. Moshe s'arrête, un sanglot monte : il pense à sa fille tout le temps, avant de glisser : "Je pense aussi aux autres parents".
"Quand j’ai faim, je pense à ma fille, quand j’ai froid, je pense à ma fille, quand j’ai une douleur, je me demande comment elle va."
Moshe, père d'une femme disparueà franceinfo
"Le fait qu'elle et les enfants aient été vraisemblablement kidnappés et pas tués, c’est la seule chose qui nous fait tenir, poursuit Yaël. Nous avons espoir qu’ils aient pitié d’eux et qu’ils les libèrent tous, peut-être en premier les enfants, les blessés, les personnes âgées et les femmes..."
Face à la douleur infinie de ces familles, Eftar, une des porte-parole du centre de recherches confie une certaine impuissance : "Nous n'avons pas de réponse, pas d'informations sur leurs proches disparus à leur apporter et c'est très difficile à vivre pour nous aussi. Mais on essaie de leur apporter de la douceur dans cette attente insupportable et dans cette situation traumatisante." Un trait de lumière dans la nuit.
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