Cessez-le-feu à Gaza : la feuille de route présentée par Joe Biden, un "évènement inédit", selon le politologue Hasni Abidi

C'est en effet le président américain qui a présenté vendredi un nouvel accord "global" de cessez-le-feu au Hamas, rédigé par Israël.
Article rédigé par franceinfo
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Le président américain Joe Biden, le 31 mai 2024. (BRENDAN SMIALOWSKI / AFP)

Le président américain, Joe Biden, a dévoilé vendredi 31 mai, la nouvelle feuille de route israélienne en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et de la libération d'otages dans la bande de Gaza. Un "évènement inédit", selon Hasni Abidi, politologue, directeur du centre d'études et de recherche sur le monde Arabe et méditerranéen (CERMAM) à Genève. Il était l'invité de franceinfo samedi 1er juin.

franceinfo : Cette proposition israélienne, reçue positivement par le Hamas, peut-elle être, selon vous, un tournant dans la guerre ?

Hasni Abidi : L'élément le plus intéressant dans cette initiative, dans cette feuille de route, c'est qu'elle est certes prononcée par le président américain, mais elle a été rédigée par Israël. Et Benyamin Nétanyahou, il y a trois jours, avait annoncé un plan de sortie de crise par Israël. On a finalement le président Biden, qui lui-même négociait à la place d'Israël, c'est un élément important. Généralement, quand on a un plan de sortie ou une initiative, on peut la faire passer par un médiateur. Mais là, le président Biden consacre un discours public à cette feuille de route, ce qui montre que Biden, d'abord, adresse ce message à l'intérieur, puisque dans une saison électorale importante, mais il va aussi exercer une pression sur Benyamin Nétanyahou. Biden est conscient que Nétanyahou peut très bien finalement se dérober de cette responsabilité puisque lors de la dernière proposition rédigée par les Égyptiens et les Qataris en présence de William Burns, le chef de la CIA, Benyamin Nétanyahou, avait refusé cette offre malgré l'acceptation du Hamas. Donc voilà pourquoi, sur le plan de la forme, c'est un élément qui est inédit.

Pourquoi est-ce que cet accord là pourrait aboutir maintenant, alors que toutes les tentatives précédentes sont restées vaines ?

Parce qu'il y a une prise de conscience des limites de cette offensive. Je pense que ce qui s'est passé après le 7 mai à Rafah a été un tournant dans le soutien américain. La double décision du procureur de la Cour pénale internationale et de la Cour internationale ont aussi joué un rôle important pour plutôt pousser les Américains à jouer encore une fois un rôle, donc positif. Les États-Unis ne veulent pas encore s'inscrire dans un camp qui est contre tout cessez-le-feu, qui s'inscrit d'ailleurs dans un référentiel onusien. Et le troisième élément, c'est qu'évidemment le président Biden a besoin de cette sortie de crise pour ses électeurs.

Il est déjà temps d'envisager l'avenir de la bande de Gaza ?

C'est un des gros points de divergence entre certains militaires israéliens et Benyamin Nétanyahou, c'est-à-dire qu'on ne peut pas continuer la guerre sans ce qu'on appelle le plan du jour d'après. Cette initiative revient sur cet élément qui est crucial et qui répond aux inquiétudes des Palestiniens, c'est-à-dire le retour des Palestiniens, de la population de Gaza, dans leur zone de résidence. La reconstruction est importante. Le président Biden n'a pas parlé de la solution à deux États, mais il a parlé de la normalisation des relations avec l'Arabie saoudite. Et ça, c'est un élément aussi important pour le président Biden. Ça veut dire que les pays du Golfe [...] conditionnent finalement une normalisation entre l'Arabie saoudite et Israël, avec une solution politique, pour la reconstruction financière. Le jour d'après, c'est aussi l'Autorité palestinienne, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, elle est une option qui est vulnérable, mais c'est la seule qui est disponible. Il faut donner un rôle plus important à l'Autorité palestinienne pour gérer au moins les affaires administratives et sécuritaires dans une phase de transition.

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