Elections législatives en Israël : une campagne radicale et agressive liée à la montée de la droite religieuse et identitaire
Les élections législatives israéliennes ont lieu mardi dans un climat de forte tension et de radicalisation à droite. Malgré la place de favori de Benyamin Nétanyahu, la droite religieuse et identitaire pourrait sensiblement progresser.
En Israël, 6,3 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour choisir leur prochain Premier ministre, mardi 9 avril. L'actuel chef du gouvernement, tête de liste du parti Likoud, Benyamin Nétanyahou, aux commandes depuis 2009, brigue un quatrième mandat consécutif. Il est au coude à coude avec un parti du centre, mais les sondages le donne favori pour former une coalition.
Racisme et sécurité au coeur de la campagne
Pourtant, dans le pays, la droite identitaire monte en puissance. Dans la banlieue de Tel Aviv, c'est dans une ambiance de bal populaire qu'est accueilli le candidat du parti d’ultra droite identitaire Force juive. Le parti puise ses racines dans un parti raciste interdit dans les années 1980.
À la tribune, son candidat Itamar Ben Gvir parle de la menace des Arabes d’Israël sur l’identité juive.
Tout à l’heure, j’étais dans une ville mixte, avec des juifs et des arabes. J’ai rencontré des juifs pieux, des juifs respectables. Ils m’ont raconté qu’ils sont menacés, qu’ils souffrent des attaques contre leurs voitures qui sont brûlées, et la police ne vient pas pour les défendre.
Itamar Ben Gvirà franceinfo
Dans le centre de Tel Aviv, La nouvelle droite, autre parti d’extrême droite aux élections, appartient au gouvernement sortant. Son programme, très sécuritaire, fait de Gaza son cœur de la cible. "L’occupation, c’est la sécurité", dit la candidate Caroline Glick : "À cause de notre retrait de Gaza et du Liban, on sait maintenant que quand on n'est pas sur place, on crée un vide, et il est toujours rempli par nos ennemis. On nous avait dit qu’en quittant Gaza, ça allait être Singapour, et au lieu de cela, c’est devenu l’Afghanistan de la Méditerranée. On est parti, et c’est juste devenu un territoire contrôlé par les terroristes."
Une campagne radicale sur les réseaux sociaux
Pendant des semaines, la campagne électorale a été radicale, agressive, essentiellement alimentée sur les réseaux sociaux. On a pu voir l'extrême droite tester sa créativité en attaquant en chanson la Cour suprême, ou le Likoud donner des coups à son principal opposant Benny Gantz en questionnant sa santé mentale sur un montage vidéo d’une de ses interviews.
"Ils [les députés] sont tous sur les réseaux sociaux", lâche Meir Masri, politologue et ancien porte-parole du parti travailliste. "En 2015, une moitié des candidats à la députation n’était pas sur les réseaux sociaux, en tout cas pas de façon massive. Aujourd’hui, ils ont tous des pages, c’est assez nouveau."
On s’attaque beaucoup plus aux personnes parce qu’on est incapable de s’attaquer aux idées comme on le faisait auparavant, parce qu’il y a moins d’idées, tout simplement. Il y a moins de fond.
Meir Masri, politologueà franceinfo
"'Bibi', on ne le remplace pas"
Dans cette élection, le Premier ministre joue sa carrière politique, menacé par les affaires. C’est un des éléments qui explique la droitisation de la campagne. À Ashdod, l'un des fiefs de son parti le Likoud, les électeurs semblent vouloir faire corps avec lui : "Un leader comme ça, il n’y en a qu’un par génération. Il a l’expérience, il est respecté dans le monde entier. Tout le monde est remplaçable, mais quand on a quelqu’un comme "Bibi", on ne le remplace pas. Sur les affaires, rien n’a été prouvé. De toute façon, Nétanyahou est un homme riche, il n’a pas besoin de voler."
Dans le sillon de la droite dure, cette campagne a délaissé les débats sur l’état de la société. Morgan vit en Israël depuis deux ans. Pour lui, la sécurité a tout emporté sur son passage : "Il y a énormément de pauvres en Israël. Il y a des écarts de revenus impressionnants. Il y a des gens qui n’ont pas de dents ici, qui n’ont pas de travail, qui sont dans la rue. Malheureusement, encore une fois, la sécurité prend le pas sur le sujet de la vie quotidienne des gens."
D’après les dernières intentions de votes, quatre listes d’extrême droite pourraient entrer au Parlement. Elles sont pour l’instant les partenaires naturels du Likoud qui pourrait aussi s’allier aux ultraorthodoxes.
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