"En Israël, on a des soldats qui peuvent nous défendre", témoigne un couple parti de France après l'attentat de l'Hyper Cacher
Benjamin et Sarah ont quitté leur maison de banlieue parisienne avec leurs deux enfants après l'attaque terroriste de janvier 2015 de l'Hyper Cacher. Trois après, ils reviennent sur les raisons de ce départ.
Après l'attaque terroriste de l'Hyper Cacher de la Porte de Vincennes à Paris, qui a fait quatre morts le 9 janvier 2015, 7 000 juifs ont quitté la France pour s'installer en Israël et faire leur alya (terme hébreu qui signifie la "montée" vers Israël), selon un rapport du Jewish People Policy Institute (JPPI) publié en octobre 2016, soit une hausse de 10% sur un an.
Parmi eux : Benjamin et Sarah. Pour ce jeune couple des Pavillons-sous-Bois en Seine-Saint-Denis, la tuerie du 9 janvier 2015 -l’une des pires attaques antisémites en France- fut "l’attentat de trop”.
"C'était pesant" de rester en France
Ce "choc de plus" a convaincu Sarah de s'installer en Israël. Avant cette date, elle était plutôt réticente. Elle avait notamment peur de ne pas pouvoir y exercer son métier de dentiste. Benjamin, lui, voulait déjà partir en Israël avant même les attentats. Il voulait commencer à porter la kippa tous les jours et, selon lui, ce choix était difficilement compatible avec une vie en France.
"Je sentais plus une atmosphère, c'était pesant, confie le jeune père de famille. Combien de fois on est passé dans une zone pavillonnaire -même pas des HLM- avec des jeunes qui disent : 'Ici, c’est Gaza, tu n'es pas chez toi !'... Parce que je sortais avec la kippa pour aller à la synagogue. Ça faisait peur, surtout avec le petit. Il y a des milliers et des milliers de situations comme celle-ci."
"Ce n'est pas une fuite"
Le couple prépare alors son déménagement avec ses deux enfants : "On s’était fixé le mois de juin pour partir donc il fallait attendre et rester encore en France, mais les jours, les mois qui ont suivi étaient interminables", se souvient la jeune femme de 26 ans.
J’avais peur d'aller faire les courses au magasin casher à côté de chez moi. Si quelqu’un de louche entrait, je posais toutes mes courses et je partais en courant.
Sarah, 26 ansà franceinfo
Le choix de faire l'alya n'a pas été simple. "Honnêtement, en termes de confort, je trouve qu'on n'a pas fui. Ce n'est pas une fuite, assure Benjamin. Cela faisait un an et demi que nous étions propriétaires d’une belle maison à Pavillon-sous-Bois, ma femme avait son cabinet et un bon salaire, on avait une voiture."
Le couple a aussi dû convaincre son entourage : "Quand j’annonçais à ma famille ou aux étrangers en France qu’on allait faire notre alya, ils nous disaient : 'Mais, tu pars dans un pays en guerre !' Pour rigoler, je leur disais : 'Quitte à mourir, je préfère mourir au soleil.', raconte Sarah. Nous, ici, on a toujours été en guerre en Israël et on est plus ou moins préparé à cela. On a des soldats qui peuvent nous défendre."
Baisse de l'alya en 2016 et 2017
Une partie de la famille de Benjamin et de Sarah est restée en France, mais la mère et la sœur de Sarah comptent s’installer en Israël dans les prochains mois. En revanche, l'explosion de l'alya dans les années 2013-2014 et surtout 2015 a fortement ralenti depuis, passant de 7 000 départs en 2015 à 5 000 en 2016, selon le JPPI. En 2017, ce chiffre serait de 3500 selon Qualita, l'organisation de juifs français installés en Israël, qui estime qu'entre 10 et 12% d'immigrants repartent en France. D'autres organisations avancent un taux allant jusqu'à 30%.
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