Gaza : "Il ne suffit pas de poser des tentes !", s'inquiètent des ONG face à la menace d'une offensive israélienne à Rafah
"Aucun plan humanitaire ne peut contrer cela" : une opération terrestre de l'armée israélienne dans la ville de Rafah, au sud de Gaza, serait "une tragédie sans nom", a mis en garde mardi 1er mai le chef des Affaires humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths dans un communiqué, après les déclarations de Benyamin Nétanyahou, le Premier ministre israélien, qui a réitéré son intention d'entrer dans cette ville où se sont réfugiés d'innombrables habitants de Gaza, qui ont fui les bombardements israéliens après le début de la guerre le 7 octobre, provoquée par l'attaque sanglante du Hamas.
Si la communauté internationale tente d'empêcher cette offensive, sur place, cette gigantesque migration forcée est déjà dans tous les têtes. Les habitants disent que les bombardements se sont intensifiés près de la frontière pour couper la route des tunnels. Et tout le monde a entendu parler des camps qui se montent plus au nord, à Khan Younès, explique Asma, que franceinfo a pu contacter : "Les gens disent qu'il y a des tentes à Khan Younès au bord de la mer pour que les gens puissent sortir de Rafah s’il y a une opération israélienne."
Inquiétudes sur la sécurité
Sur des images satellites qui datent de la fin avril, on y voit en effet un alignement de tentes blanches serrées. Elles auraient été montées par le Croissant-Rouge égyptien. Mais le site semble largement sous-dimensionné et préoccupe l’ONU et les ONG qui n’ont pas été associées : "On observe ça, on se pose beaucoup de questions..., confie Philippe Bonnet, directeur des urgences à l'ONG Solidarités International. Il ne suffit pas de poser des tentes. À côté, il faut tout un service d'assainissement, d'eau, de santé. Aujourd’hui, ça ne paraît pas possible. D'ailleurs, le nombre de tentes qui ont été montées n'est pas suffisant à cette catégorie de personnes", alerte-t-il.
Il y a aussi des inquiétudes sur la sécurité : les combats ont été intenses à Khan Younès. Federico Dessi d'Handicap international rappelle que presque 10% des munitions restent sur le terrain. "S'ils bougent vers des zones qui ont été bombardées, les gens sont en danger. Il y a des restes d'explosifs de guerre, des bombes non explosées qui se trouvent parfois sur les routes, sur les terrains vagues ou entre des camps ou des maisons."
Pour cette opération, Israel veut acheter 40 000 tentes, capables d’héberger un demi-million de personnes. Leur installation sur le terrain symbolisera à proprement parler le coup d’envoi de l’attaque. Le 30 avril, le Premier ministre israélien a promis que l'armée entrerait dans la ville de Rafah, à la lisière sud de la bande de Gaza, "avec ou sans accord" de trêve avec le mouvement islamiste palestinien Hamas.
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