Guerre à Gaza : le gouvernement Nétanyahou "est en train de détruire la démocratie", accuse l'ancien chef du renseignement intérieur israélien

C’est une parole rare et écoutée dans le milieu du renseignement en Israël. Le contre-amiral Ami Ayalon, 79 ans, a été pendant quatre ans à la tête du Shin Bet, l’équivalent de la DGSI. Il avertit : en agissant comme il le fait à Gaza et en Cisjordanie, son pays court à sa perte.
Article rédigé par Thibault Lefèvre
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou entouré de son ministre de la Défense et du chef d'état-major de l'armée, à Jérusalem le 20 juillet 2024 (ISRAELI PRIME MINISTER'S OFFICE / ANADOLU)

Le ton est assuré, les mots scandés et les messages assénés sans ambiguïté à propos de la politique menée par la coalition au pouvoir, la plus à droite de l’histoire d’Israël, avec, à sa tête, l’inamovible Benyamin Nétanyahou : "Ce gouvernement est en train de détruire la démocratie", dénonce le contre-amiral Ami Ayalon, ancien responsable du Shin Bet, le service de renseignement intérieur d'Israël.

Le Premier ministre a été élu en 2022 pour quatre ans, et les prochaines élections se tiendront à l’automne 2026 : trop loin, trop tard, vu l’urgence de la situation. Pour Ami Ayalon, il faut que ses concitoyens se mobilisent dès maintenant : "On doit mettre le pays à l’arrêt. Et c’est pour ça que l’on descend dans la rue. Tout doit être tenté, même si c’est contre la loi. Tant qu’il n’y a pas de violence, c’est légitime. On doit être prêt à aller en prison. C’est ce qu’on appelle de la désobéissance civile."

"Partager ce morceau de terre !"

À plus long terme, l’ancien patron du Shin Bet ne voit qu'une seule voie vers la paix : "L’unique accord atteignable et pragmatique consiste à partager ce morceau de terre ! Les Palestiniens ont l’impression de n’avoir rien à perdre. Et le pire ennemi, celui dont tu dois te méfier, est l’ennemi qui pense ne rien avoir à perdre. Ils se battent pour leur liberté ! Et s’ils sont amenés à penser que la seule manière de mettre fin à l’occupation passe par la violence, ils vont le faire. Des gens meurent !"

"La Cisjordanie est notre prochain front. On parle aujourd’hui des Houthis, de Gaza, du Hezbollah, et puis l’Iran, et sûrement la Syrie. Non ! La Cisjordanie est beaucoup plus près et plus dangereuse."

Ami Ayalon

à franceinfo

L'ancien chef du Shin Bet, qui est l’auteur de Friendly Fire : How Israel Became Its Own Worst Enemy ("Tir ami : comment Israël est devenu son propre et pire ennemi", Steerforth, 2020, non traduit), ajoute que "les Israéliens ne voient pas les Palestiniens comme un peuple", mais que ces derniers ont selon lui "un droit indiscutable à l’autodétermination."

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