Témoignages Guerre au Proche-Orient : réfugié à Paris après avoir fui Gaza, ce petit garçon attend une greffe osseuse vitale

Le père et la sœur d'Hasan sont les plus susceptibles de lui venir en aide, mais ils sont bloqués dans le sud de la bande de Gaza.
Article rédigé par Stéphane Pair
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Hôpital Necker, Paris, avril 2023. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS)

Une attente déchirante. À l'hôpital Necker à Paris, un petit Palestinien de cinq ans lutte contre la mort dans l’attente d’une greffe osseuse. Mais les donneurs qui ont le plus de chance de le sauver, son papa et sa sœur, sont toujours bloqués à Gaza et le temps presse. La maman du petit Hasan qui a, comme son fils, obtenu l’asile, espère l’intervention de la France.

Dina est prête à tout pour sauver son fils. Hasan est en chambre stérile à l'hôpital Necker, atteint d'une maladie rare qui réclame une intervention. C'est son état de santé critique qui avait décidé la France à l'accueillir avec sa mère, à la fin février 2024, après un transit par l’Egypte. Le reste de la famille - son père et sa sœur - est toujours à l'ouest de la ville de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

"Des conséquences potentiellement dramatiques"

Sans une greffe osseuse, affirme sa mère Dina, l'entérovirus logé dans le cerveau de Hasan menace de l'emporter : "L'urgence, aujourd'hui, c'est vraiment d'opérer Hasan à partir de la moelle de son père qui est le donneur idéal. C'est vraiment la solution pour éviter que le virus continue de se propager et de dégrader son cerveau". Dina nous présente un compte rendu médical signé ce mois-ci par un professeur du service d'immunologie hématologie et rhumatologie pédiatriques de l’hôpital Necker, une unité spécialisée dans le soin des enfants présentant des pathologies immunitaires.

"Hasan souffre d'un déficit immunitaire combiné sévère (SCID) par mutation, dit le médecin. Une nouvelle greffe permettrait de restaurer l’immunité malgré un risque vital infectieux. Son état de santé nécessite la présence urgente de son père, Mahmoud, et de sa sœur Yasmine, âgée de 7 ans, qui sont les potentiels donneurs de cellules souches". Pour rappel, chaque année, 1 300 personnes supplémentaires ont besoin d'une greffe de moelle osseuse, avec une chance sur un million de trouver un donneur parfaitement compatible. Dans environ 80% des greffes, le donneur le plus compatible est un parent, idéalement le frère ou une sœur du receveur.

"On est dans une situation flagrante d'un geste humanitaire qui n'a pas été pensé jusqu'au bout, estime Amel Delimi, membre du collectif des avocats France-Palestine, avec des conséquences potentiellement dramatiques." Dina a un enfant à Gaza qui est exposée à un risque de mort imminente et elle a un enfant en France qui est également exposé à un risque de mort imminente, alors même que Hasan était censé être sauvé, et pourrait l'être, si le reste de la famille le rejoint. Dina nous a indiqué qu'elle n'aurait jamais accepté de faire soigner son enfant en France si elle n'avait pas eu la garantie par les autorités françaises que le reste de sa famille pourrait être réuni en France.

"Est-ce une opération de communication ou est-ce réellement un geste humanitaire qui vise à sauver des enfants gazaouis ?"

Amel Delimi, avocate

à franceinfo

Le 19 novembre 2023, Emmanuel Macron a effectivement annoncé lancer un protocole pour accueillir jusqu'à 50 enfants gazaouis blessés ou malades dans les hôpitaux français. Un an plus tard, selon le collectif des avocats France-Palestine, ils ne seraient que 17 enfants, dont le petit Hasan. Tous sont venus en France avec un seul parent, comme l'ont imposé au départ les autorités égyptiennes.

"D'autres pays parviennent à négocier des passages"

Selon Lyne Haigar, autre avocate du collectif France-Palestine, la diplomatie française est au courant de sa situation depuis janvier dernier. La plupart des demandes adressées à la cellule de crise du Quai d'Orsay ainsi qu'au consulat de France à Jérusalem pour réunir sa famille sont restées lettre morte ou se voyaient opposer "le nombre très limité d'évacuations médicales d'enfants". La dernière demande, en date du 16 octobre 2024, soulignait l'urgence de la situation pour le petit Hasan.

"Ça fait de nombreux mois qu'on sollicite l'évacuation du restant de ces enfants, rappelle Lyne Haigar, avant même que la frontière de Rafah ne ferme. Puis Rafah a fermé. Nous avons eu d'autres informations selon lesquelles des enfants palestiniens, notamment blessés, continuent de traverser la frontière par Kerem Shalom (kibboutz israélien à la frontière entre l'Égypte et Gaza) et que d’autres pays parviennent à négocier des passages. Soit la diplomatie française ne s'est pas véritablement saisie de cette situation et ne veut pas négocier avec les homologues israéliens. Soit les négociations n'aboutissent pas. Et cela pose la vraie question du pouvoir diplomatique de la France".

Depuis le 25 septembre dernier, Dina et Hasan bénéficient de la "protection subsidiaire" compte tenu de la situation de violence qui prévaut à Gaza et qui les exposent en cas de retour à des conditions de vie inhumaines. Un statut qui leur permet d’obtenir une carte de séjour d’une durée de quatre ans. Interrogé sur la situation de cette dizaine d’enfants palestiniens blessés ou malades accueillis par la France et leurs familles, le ministère des Affaires étrangères n'a pas encore donné suite à nos sollicitations.

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