Guerre dans la bande de Gaza : "On est à quelques semaines de l'effondrement du Hamas", assure un spécialiste
"On est à quelques semaines de l'effondrement du Hamas", assure mardi 30 janvier sur franceinfo Frédéric Encel, docteur en géopolitique et maître de conférences à Sciences Po Paris. Après des discussions à Paris dimanche entre de hauts responsables américains, israéliens et qataris, notamment une trêve semble se profiler. "Un travail très important et productif a été accompli", a déclaré Antony Blinken. Le Hamas réclame un cessez-le-feu "complet" en préalable à tout accord sur une libération des otages israéliens. "C'est vrai qu'on s'en approche", selon Frédéric Encel, mais "il n'y aura pas de cessez-le-feu", affirme-t-il. Selon lui, le Hamas "a le couteau sous la gorge". Il n'a pas le choix que de demander l'arrêt des combats.
franceinfo : Faut-il comprendre qu'on s'approche d'un accord aujourd'hui ?
Frédéric Encel : Un accord sur une trêve ou sur une pause humanitaire comme il y en avait, oui, c'est vrai qu'on s'en approche. Certainement pas d'un cessez-le-feu.
"Il n'y aura pas de cessez-le-feu."
Frédéric Encel, docteur en géopolitiqueà franceinfo
Au fond les Américains, les Européens, le monde entier d'abord, le souhaitent. À plusieurs reprises, monsieur Blinken et monsieur Biden ont tordu le bras à Nétanyahou pour que ça se fasse. Mais l'important, c'est le cessez-le-feu.
Que faut-il comprendre derrière la demande de cessez-le-feu du Hamas ?
Il faut comprendre qu'il a le couteau sous la gorge. Aujourd'hui, mécaniquement, même si les Israéliens ont pris des coups très durs et même si, par ailleurs, les buts de guerre sont quand même extrêmement flous, fondamentalement, de manière mécanique et militaire, n'importe quel analyste va vous dire que de toute façon, le Hamas ne peut pas l'emporter. Il subit des coups beaucoup plus durs que les Israéliens. Autrement dit, chaque jour, chaque semaine qui passe renforce d'une façon ou d'une autre le belligérant israélien face aux belligérants du Hamas. Aujourd'hui, le Hamas, ce qu'il demande, ce n'est plus seulement comme il y a deux mois et demi, une trêve humanitaire, c'est bien un cessez-le-feu, c'est-à-dire l'arrêt des combats.
Le Hamas, dans sa situation, accorde encore de l'importance à la libération des prisonniers en Israël ?
Pour le Hamas aujourd'hui, l'important, c'est à la fois de montrer à la population palestinienne que lui est capable de faire ce que l'Autorité palestinienne est incapable de faire, c'est-à-dire la libération de prisonniers palestiniens. On sait à quel point c'est important pour la population de la Palestine de voir revenir des prisonniers. Mais par rapport à il y a deux mois, trois mois, ce qui est beaucoup plus important encore pour le Hamas, c'est simplement de survivre. Or, à mon avis, on est à quelques semaines de l'effondrement du Hamas.
Le Qatar parle de progrès notables après une réunion dimanche à Paris entre le directeur de la CIA, le renseignement américain et de hauts responsables égyptiens, israéliens et qataris. Cette réunion a été primordiale ?
Oui. On retrouve des pays importants. Le Qatar, bien évidemment, puisqu'il arrose tout le monde et en particulier le Hamas. L'Égypte qui n’a pas le choix, c'est l'État contigu au sud de la bande de Gaza. Mais aussi, la France. Les Français aiment beaucoup ricaner en matière d'affaires étrangères. Mais je ne cesse de répéter qu'au fond, juste derrière les États-Unis, absolument incontournables au Moyen-Orient, le pays qui dispose de plus de leviers en termes de partenariat politique et militaire dans la région, c'est vraiment la France.
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