Guerre entre Israël et le Hamas : ce qu'il faut retenir de la journée du jeudi 9 mai

Le président américain Joe Biden a notamment menacé de suspendre certaines livraisons d'armes à Israël, si Benyamin Nétanyahou ne renonçait pas à son offensive à Rafah.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des Gazaouis fuient les zones de Rafah où l'armée israélienne mène des incursions, le 9 ami 2024. (ASHRAF AMRA / AGENCE ANADOLU VIA AFP)

La bande de Gaza vit toujours sous les frappes, jeudi 9 mai, au moment où les Etats-Unis menacent de cesser des livraisons d'armements à Israël en cas d'offensive majeure dans la ville surpeuplée de Rafah, à la frontière égyptienne. Il s'agit de l'avertissement le plus sévère des Etats-Unis, un proche allié d'Israël et son principal fournisseur d'armements, depuis le début de la guerre contre le Hamas dans le territoire palestinien, déclenchée le 7 octobre par une attaque sanglante du mouvement islamiste sur le sol israélien.

Toujours des tirs nourris de l'armée israélienne à Rafah

L'armée israélienne continue de bombarder la bande de Gaza. Des frappes et des tirs d'artillerie ont notamment retenti à Rafah, ville située tout au sud de l'enclave palestinienne. "Les chars et les avions tirent", a témoigné Tarek Bahloul, un habitant de Rafah dans une rue déserte : "Toutes les minutes, on entend une roquette et on ne sait pas où elle va atterrir". Défiant les mises en garde internationales, l'armée israélienne a mené depuis mardi des incursions qualifiées de "ciblées" dans l'est de Rafah et pris le contrôle du passage frontalier avec l'Egypte, verrouillant une porte d'entrée névralgique pour les convois d'aide humanitaire vers le territoire assiégé.

L'armée israélienne a annoncé que trois de ses soldats avaient été légèrement blessés dans un "tunnel piégé" à Rafah. "Les soldats ont été évacués vers l'hôpital pour être soignés", a-t-elle ajouté dans un communiqué.

Joe Biden menace Israël de suspendre les livraisons d'armes

C’est un avertissement, ou plutôt une menace adressée par Joe Biden à Benyamin Nétanyahou. Sur CNN, le président américain a dressé une ligne rouge concernant la livraison d’armes provenant des Etats-Unis : "S’ils vont à Rafah, (…) alors je ne leur livrerai pas les armes que nous leur fournissons depuis toujours". C'est la première fois que le président américain pose ainsi publiquement des conditions de l'aide américaine à l'Etat hébreu, son allié historique. Interrogé pour savoir si Israël avait déjà franchi une ligne rouge à Rafah, il a répondu : "Pas encore." "Nous ne prenons pas nos distances avec la sécurité d'Israël, nous prenons nos distances avec la capacité d'Israël de faire la guerre dans ces zones", a-t-il déclaré. Joe Biden reconnaît que les bombes de 200 et 900 kg ont déjà tué des civils à Gaza. La semaine dernière, la Maison-Blanche a suspendu une de ses livraisons jusqu’à nouvel ordre.

S'il le faut, Israël "tiendra seul", répond Benyamin Nétanyahou

Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a répondu à ces déclarations, dans un communiqué transmis par son bureau. "Si nous devons tenir seuls, nous tiendrons seuls. Je l'ai déjà dit, s'il le faut, nous combattrons avec nos ongles", a-t-il déclaré. Le dirigeant martèle depuis des mois être déterminé à lancer une offensive terrestre d'ampleur contre la ville de Rafah où, affirme-t-il, se cachent les derniers bataillons du Hamas, mais où s'entassent aussi, selon l'ONU, 1,4 million de Palestinien. L'armée israélienne "a suffisamment d'armement pour accomplir sa mission à Rafah", a assuré de son côté le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l'armée. 

L'UNRWA ferme ses locaux à Jérusalem-Est pour raisons de sécurité

L' agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) dit avoir fermé ses bureaux de Jérusalem-Est après que "des extrémistes israéliens" ont "mis le feu" à des zones en plein air de l'enceinte, a annoncé son patron, Philippe Lazzarini. "Des Israéliens ont mis le feu deux fois au périmètre du quartier général", alors que "du personnel de l'Unrwa et d'autres agences de l'ONU étaient présents" à l'intérieur, précise-t-il sur le réseau social X. "J'ai pris la décision de fermer l'enceinte jusqu'à ce que soit rétablie une sécurité adéquate", ajoute-t-il, dénonçant un "deuxième incident odieux en moins d'une semaine" commis par des "extrémistes israéliens" et dans lequel "les vies d'employés de l'ONU ont été mises gravement en danger".

L'aide humanitaire paralysée à Gaza

La fermeture par Israël des points de passage névralgiques vers la bande de Gaza a coupé les principales vannes d'acheminement de l'aide, le carburant en particulier, et rendu les opérations humanitaires pratiquement impossibles, a averti Andrea De Domenico, patron du bureau de l'agence humanitaire des Nations unies (Ocha) dans les territoires palestiniens occupés. Le point de passage de Rafah, par lequel passe tout le carburant destiné à Gaza, reste fermé. Or, "à Gaza, il n'y a pas de stocks de carburant". Cela signifie qu'"il n'y a pas de mouvements" et "cela paralyse complètement les opérations humanitaires", selon M. De Domenico.

"Nous avons perdu le principal point d'entrée pour l'aide humanitaire", Kerem Shalom, a-t-il par ailleurs constaté dans un entretien avec l'AFP. Dimanche, Israël a fermé ce point de passage clé vers le sud du petit territoire côtier palestinien, après que des tirs de roquettes revendiqués par la branche armée du Hamas y ont tué quatre soldats israéliens. Bien qu'Israël affirme avoir rouvert Kerem Shalom mercredi, Andrea De Domenico estime que l'acheminement de l'aide reste "extrêmement difficile".

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