Guerre entre Israël et le Hamas : en Cisjordanie, les attaques des colons israéliens forcent des Bédouins à fuir leurs terres
Ils vivent de l'élevage de chèvres, de vaches ou encore de dromadaires. De nombreux Bédouins occupent les étendues désertiques de Cisjordanie. Ces petits groupes de paysans arabes nomades vivent en communauté et sont aujourd'hui attaqués par les Israéliens présents dans l'enclave.
10 000 armes fournies aux colons israéliens
Depuis le 7 octobre et l'attaque du groupe islamiste du Hamas contre Israël, alors que Gaza est la cible d'attaques aériennes de l'armée israélienne, la Cisjordanie est, elle aussi, le théâtre d'affrontements.
Jeudi dernier, le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a distribué des fusils d’assaut à des colons israéliens. Il a également annoncé l’achat de 10 000 armes qui leur sont destinées. Une manière de créer “une équipe de protection civile”, affirme-t-il. Pour les Palestiniens, c’est une terrible nouvelle, alors que les attaques des colons sont devenues plus violentes.
"C’était la nuit et ils ont commencé à ouvrir le feu au milieu de notre campement"
Habes Kaabnehà franceinfo
Désormais, la vengeance débridée de ces Israéliens pousse des communautés bédouines à fuir leurs terres, notamment aux alentours de la ville de Taybeh. Cela faisait cinq ans que les colons se rapprochaient de la communauté bédouine de Wadi As-Seeq.
Il y avait déjà eu des agressions, quelques frayeurs, dit Habes Kaabneh, 47 ans. Mais rien à voir avec l’attaque qu’ils ont subi dans la nuit du mercredi 11 à jeudi 12 octobre : "Ils sont arrivés par dizaines, en tenue de militaire et avaient des fusils. Ils sont entrés dans nos tentes, ont piqué l’or, notre argent, nos habits, les jouets pour enfants, deux voitures."
Des tentes de fortunes posées dans des champs
En quelques heures, les 30 familles de sa communauté ont fui et tout perdu. Leur nourriture, leurs papiers, certains ont été battus. En boucle, Habes raconte la peur, les menaces de ces colons : "Ils nous disaient 'allez en Jordanie, ce n’est pas votre pays'. Ils disaient aussi 'nous allons vous faire ce que Gaza a fait à Israël'. C’est comme une nouvelle Nakba, ce que nous ont fait subir les colons ce jour."
Ces attaques hantent Qassam Muadi depuis des années. Le journaliste du village craignait pour sa famille : "On avait déjà conscience que si les colons décidaient un jour de sortir des colonies avec des armes, il n'y aurait personne, rien pour les arrêter. On n'imaginait pas que ça arrive si vite, je pensais que l'on avait encore du temps", souffle le journaliste.
"Je ne sais pas si on est en sécurité ici."
Qassam Muadià france info
Alors une partie de ces Bédouins s’est installée à Taybeh, un village près de Ramallah. Ils ont posé quelques tentes de fortune dans un champ et des matelas à l’ombre des oliviers. Tous savent qu’ici, c’est provisoire explique Qassam Muadi : " Ça me bouleverse parce que c'est le village de mes parents, mais peut-être que le paysage va changer, que l'on aura un mur et des miradors. Peut-être même que ce sera une colonie !"
À Wadi As-Seeq, là où vivaient les familles bédouines, un pick-up avec un drapeau israélien stationne au bord de la route. Deux très jeunes colons sont assis à l’intérieur, aucun d'entre eux n’a souhaité s'exprimer.
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