Guerre entre Israël et le Hamas : "Le siège de Gaza commence à faire plus de victimes que la guerre elle-même", estime un spécialiste militaire

Le siège de la bande de Gaza par Israël rend la situation humanitaire "catastrophique" pour ses 2,4 millions d'habitants, s'alarme Guillaume Ancel sur franceinfo.
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Guillaume Ancel, ancien officier et écrivain, invité du 8h30 franceinfo le 2 novembre 2023.. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Depuis le 9 octobre, deux jours après les attaques sans précédent du Hamas sur le territoire israélien, la bande de Gaza, dirigée depuis 2007 par le mouvement islamiste palestinien, est soumise par Israël à un "siège complet" qui prive sa population de livraisons d'eau, de nourriture et d'électricité. Ce siège de Gaza "commence à faire plus de victimes que la guerre elle-même", a estimé l'ancien officier Guillaume Ancel, auteur du blog "Ne pas subir", invité du 8h30 franceinfo jeudi 2 novembre.

"Après trois semaines de siège, on commence à avoir des morts dans la bande de Gaza qui ne sont pas liés à la guerre, mais uniquement au siège, c'est-à-dire au manque d'eau, à la pénurie d'alimentation et surtout à la situation dans les hôpitaux", a expliqué l'expert militaire. "Ce sont des enfants qui commencent à avoir des problèmes très graves de malnutrition ou qui pourraient être soignés de manière bénigne et qui meurent", a-t-il ajouté. "On ne peut pas impliquer les enfants sur ce qui s'est passé, ni dans l'attaque du 7 octobre, ni dans la guerre contre le Hamas", a cinglé l'ancien officier. "C'est une situation qui est intolérable", a-t-il fustigé, alors que l'ONG Médecins sans frontières (MSF) a souligné que "plus de 20 000 blessés restent à Gaza, avec un accès limité aux soins de santé". Dans l'enclave palestinienne, près de 8 800 personnes, dont 3 648 enfants, ont été tuées depuis le 7 octobre dans les bombardements israéliens, selon le Hamas.

Le "piège" du Hamas à Gaza

Pour Guillaume Ancel, si "le Hamas a déclenché cette guerre, dans peu de temps, c'est Israël qui sera sur la défensive". "La manière dont il matraque la bande de Gaza" ou "le carnage dans le camp de réfugiés" de Jabaliya dans le nord du territoire palestinien, ciblé mardi et mercredi par des bombardements de l'armée israélienne, font que l'État hébreu "est en train de perdre le soutien qu'il avait", a estimé le spécialiste militaire.

"Le gouvernement Netanyahou n'a pas de stratégie claire et pertinente sur cette sortie de crise", a martelé Guillaume Ancel pour qui Israël se retrouve dans un "piège". "Ils vont avoir détruit plein d'infrastructures civiles pour l'essentiel, mais au fond, ils auront beaucoup de mal à afficher des objectifs de guerre en dehors d'un certain nombre de chefs du Hamas qu'ils auront neutralisés et qui seront remplacés dans la minute", a expliqué l'expert militaire. "Ils ne peuvent pas tuer 50 personnes pour tuer cinq militants du Hamas. Or, c'est ça, le ratio actuel", a-t-il souligné. Selon lui, "Israël s'en est pris à la bande de Gaza, au lieu de réfléchir à comment est-ce qu'on peut isoler et détruire politiquement" l'organisation islamiste. "Là, ils sont en train d'organiser le recrutement du Hamas pour les quinze années à venir", a-t-il tranché.

Pour l'ancien officier, "le jour d'après sera sanglant". "Il y aura deux questions cruciales : qu'a fait le gouvernement Netanyahou et surtout, quel est l'avenir du peuple palestinien ?" Guillaume Ancel a rappelé que "les Américains ont commencé à esquisser une solution" pour "gouverner la bande de Gaza" avec "une autorité internationale" et "essayer d'organiser une transition démocratique". Une solution "fragile", a-t-il jugé, mais "c'est bien mieux que d'avoir une armée israélienne qui serait obligée de rester dans la bande de Gaza et qui serait confrontée à une situation où tous les jours, ils perdraient des hommes avec des militants" du Hamas "qui surgiraient de nulle part".

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