Reportage Guerre entre le Hamas et Israël : entre résilience et colère, un survivant revient dans son kibboutz, qu'il compte réintégrer après la guerre

Difficile retour à la maison pour les habitants des kibboutz attaqués par le Hamas le 7 octobre. Tous ont dû quitter leur logement, le temps de la sécurisation. Ils peuvent revenir temporairement, pour y chercher des affaires notamment, mais revenir définitivement reste un projet encore incertain.
Article rédigé par Willy Moreau, Laurent Macchietti
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Nitzan, survivant du massacre du 7 octobre, revient au kibboutz de Netiv HaAsara (Israël). (WILLY MOREAU / FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Depuis le 7 octobre, les kibboutz décimés par l'attaque du Hamas, qui a fait 1 200 morts, essentiellement des civils, ont été transformés en zone militaire et vidés de leurs derniers habitants. Netiv HaAsara, l'un de ces kibboutz collés à la bande de Gaza, abrite la maison de Nitsan, 81 ans, qui revient ce jour-là chercher des affaires, là où 21 personnes ont été tuées parmi ses voisins.

Nitzan, gilet à poches et chapeau de cow-boy, nous conduit jusqu'à sa maison, après avoir franchi de nombreux contrôles et traversé son village désert. On passe devant une maison brûlée avant d'entrer dans la sienne. Pas d'autres stigmates visibles, à première vue seulement. "C'est ma belle maison, mon petit château", dit-il en poussant la porte. Les volets sont baissés, du verre cassé jonche le sol, deux impacts de balle sur un mur. "On a laissé tout comme c'était depuis le 7 octobre", précise le vieil homme.

Dans la cuisine, il prend quelques casseroles demandées par sa femme : "Elle m'a dit 'apporte-moi ça, apporte-moi ça, apporte-moi ça', s'exclame Nitzan dans son français approximatif, tout ce qu'elle a dit, moi, j'ai dit 'oui mon commandant' !" Sa femme est restée à Jérusalem, là où ils vivent depuis plus d'un mois. "Elle m'a accompagné une seule fois. Elle était un peu apeurée parce qu'elle se rappelait, raconte Nitzan, elle n'est pas militaire. Moi je suis militaire, je m'en fous, de tout !"

"J'accuse ! Comme Zola a dit"

Pourtant, l'ancien commandant semble aussi très chamboulé : "Ça, c'est l'abri dans lequel nous avons vécu pendant 12 heures." Les assaillants ont tué un voisin devant chez lui. "C'est ma chance. Ils ne sont pas arrivés ici. Qu'est-ce que je pouvais faire contre trois personnes avec une mitraillette ? Rien ! Ça, c'est fabriqué en Afrique...", Nitzan parle de ses meubles, change sans cesse de conversation, "tout ce que vous voyez, les armoires, etc, je l'ai rapporté d'Afrique..."

Visiblement très chamboulé, très agité et aussi très en colère contre ceux qui n'ont rien vu venir, selon lui : "J'accuse ! Comme Zola a dit, j'accuse les autorités, les généraux de l'armée, les politiciens et les juges. Ils croient que nous vivons en Suisse."

Nitzan, dans son exploitation agricole au kibboutz de Netiv HaAsara. (WILLY MOREAU / FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Nitzan vit ici depuis 40 ans. Son exploitation agricole se trouve à quelques centaines de mètres. Il compte revenir vivre ici après la guerre : "Si mon épouse ne veut pas venir avec moi, alors on divorce !", lance-t-il avec une gaieté qui masque une détermination farouche. Il repart dans sa voiture, vers Jérusalem où il propose en attendant des ateliers de défense contre le terrorisme aux habitants des villages alentour.

Entre résilience et colère, reportage de Willy Moreau au kibboutz de Netiv HaAsara

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