Guerre Israël-Hamas : à Gaza, "il y a une hécatombe de la population civile", alerte un ancien diplomate palestinien

Invité sur France Inter vendredi, Elias Sanbar dénonce "une entreprise de disparition" des Palestiniens.
Article rédigé par franceinfo
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Elias Sanbar, le 9 décembre 2013 (XAVIER DE TORRES / MAXPPP)

À Gaza, "il y a une hécatombe, il n'y a pas d'autres termes, de la population civile palestinienne", alerte Elias Sanbar, ancien ambassadeur de la Palestine auprès de l’UNESCO, vendredi 15 décembre, sur France Inter. "Les gens discutent de savoir si les chiffres sont crédibles. Je pense qu'ils ne sont pas crédibles parce qu'ils sont encore plus inquiétants", affirme celui qui a été l'un des architectes des accords de paix d'Oslo.

Sur la foi d'images satellite à haute résolution, l'Organisation des nations unies (ONU) indique que 18% de toutes les structures de la bande de Gaza ont été endommagées depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas. "Nous n'avons pas d'outils, de machines pour déblayer, Dieu sait ce que nous allons trouver sous les décombres", redoute Elias Sanbar. S'il n'emploie pas le mot "génocide", il "pense qu'il y a une entreprise de disparition" des Palestiniens.

Aujourd'hui commissaire de l’exposition "Ce que la Palestine apporte au monde", à l'Institut du monde arabe, à Paris, il décrit le "sentiment" qu'éprouvent, selon lui, les Palestiniens, à savoir qu'ils sont "un peuple de trop". Le sentiment "que nous n'avons pas de place, qu'il faut qu'on sorte de scène". "Toute notre histoire depuis 1948 [et la création de l'État d'Israël] est celle-là : sortez de scène, disparaissez, perdez votre nom, intégrez-vous là où vous voulez mais partez", ajoute-t-il.

"La fin du système du droit international"

L'ancien diplomate constate par ailleurs que "nous sommes en train de vivre, et pas simplement au niveau de la Palestine, la fin du système du droit international né après la Seconde Guerre mondiale". "Nous sommes en train de vivre la fin de l'efficacité de l'ONU", un "organe qui est détesté par les trois plus grandes puissances de la planète pour des raisons diamétralement opposées", renchérit-il.

Ainsi, "les Chinois n'aiment pas l'ONU, les Russes n'aiment pas l'ONU" et "les Américains n'ont pas arrêté de nous dire, j'en témoigne, 'nous n'aimons pas le droit international'". Pour lui, "il y a une mise à mort du droit international qui est en cours. À quoi va ressembler cette jungle que sera la planète ?", s'inquiète-t-il.

Invité à réagir à la mort de l'otage franco-israélien Elya Toledano, dont la dépouille a été récupérée dans la bande de Gaza par l'armée israélienne, Elias Sanbar rappelle qu'il est "absolument opposé à toute mort de cibles civiles". Toutefois, "il faut que nos amis israéliens ou partisans d'Israël comprennent qu'on ne peut pas être réduit, à chaque questions-réponses, à faire un acte qui prouve notre innocence, notre manque de complicité avec des assassins". Pour lui, "ça n'est plus possible, c'est injuste".

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