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"Il n'y a nulle part où aller" : ces patients d'un hôpital de Gaza qui ne peuvent pas fuir l'offensive israélienne

Alors qu'Israël continue ce lundi de préparer une opération terrestre contre le Hamas, des dizaines de milliers de Gazaouis ont déjà fui le nord de la bande de Gaza. Pourtant, tous ne peuvent pas partir, à l'image des blessés qui ne cessent d'affluer dans le principal hôpital de l'enclave.
Article rédigé par Mariam El Kurdi
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des Palestiniens blessés attendent d'être soignés à l'hôpital Al-Shifa dans la ville de Gaza, le 12 octobre 2023. (MOMEN FAIZ / NURPHOTO)

Le plus gros hôpital de Gaza City, Al-Shifa, déborde. Il y a environ 2 000 blessés pour une capacité de 700 lits et il y a également des dizaines de milliers de civils venus trouver refuge. Ces blessés qui continuent d'affluer font partie de ceux qui ne peuvent pas partir. L'armée israélienne a pourtant exhorté les Gazaouis vivant dans le nord du territoire, soit 1,1 million de personnes sur une population totale de 2,4 millions, à fuir vers le sud au plus vite alors qu'elle prépare une offensive terrestre dans nord de la bande de Gaza. 

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Des dizaines de milliers d'habitants de Gaza ont déjà gagné le sud, selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU, et tentent d'y trouver abri, nourriture et eau. Dans le même temps, la bande de Gaza est pilonnée sans relâche par Israël qui veut anéantir le Hamas, mouvement islamiste palestinien responsable de l'attaque la plus meurtrière commise sur son sol, le samedi 7 octobre. Et à chacune de ces frappes aériennes, un nouveau flot de personnes arrive à l'hôpital Al-Shifa. "La situation est très critique. L'évacuation qu'on nous demande, c'est vraiment très compliqué. C'est même impossible et très dangereux. Cela met en péril la vie des patients et nous n'en avons pas les moyens. Où allons-nous les emmener ? Les autres hôpitaux qui apportent leur aide, on leur a demandé aussi d'évacuer les blessés et le personnel. On ne peut pas", raconte le docteur Nadel Labed, médecin urgentiste. C'est impossible, explique-t-il, d'évacuer quelqu'un qui est intubé."

"Si on quitte l'hôpital, où va-t-on aller ?"

Hala, 40 ans, qui reste au chevet de sa nièce de 11 ans, grièvement blessée dans un bombardement, se demande surtout où aller, où partir. "Son père est mort, son frère aussi, raconte Hala. Quand elle me demande où ils sont, je lui dis qu'ils sont en chemin. Elle ne sait pas encore qu'ils sont morts. Et si on quitte l'hôpital, où va-t-elle aller, elle et sa mère qui est aussi blessée ? Où va-t-on aller ? Je ne peux pas les accueillir. Moi aussi, j'ai dû quitter ma maison. On a tous pris la fuite. Il n'y a nulle part où aller et partout, il y a des bombardements", explique cette femme de 40 ans. 

Faute de places, l'enfant attend d'être opéré dans un couloir, allongé à même le sol. "Elle a plusieurs blessures, décrit sa tante Hala. Elle va devoir être opérée à la jambe. Elle est aussi touchée à la tête, au pied, tout le corps est impacté".

Hala est encore sous le choc de l'attaque : "Ma sœur et ma nièce sont les seules survivantes de leur famille. Ils étaient plusieurs dans la même maison, environ 35 personnes. Et d'un coup, une bombe est tombée sur l'immeuble. Il y a plus de dix morts, dont des enfants, des femmes, des personnes âgées. Il y a encore des corps sous les décombres que l'on n'arrive pas à extraire. On a pu enterrer seulement quatre personnes". Au deuil s'ajoute la menace de l'offensive terrestre que compte mener l'armée israélienne.

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