Reconnaissance de l'Etat de Palestine : en demandant des "réformes indispensables" à l'Autorité Palestinienne, Emmanuel Macron temporise-t-il ?
Un premier pas ? Après s'être dit "prêt à reconnaître" un Etat palestinien, mais "à un moment utile", pas sous le coup de l'"émotion", Emmanuel Macron a appelé mercredi 29 mai le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à "mettre en œuvre les réformes indispensables" dans "la perspective de reconnaissance de l'Etat de Palestine", a rapporté la présidence française dans un communiqué.
Au cours de cet appel téléphonique, le président français "a marqué l'engagement de la France à travailler à bâtir avec ses partenaires européens et arabes une vision commune de paix qui offre des garanties de sécurité pour les Palestiniens et les Israéliens" et à "inscrire la perspective de reconnaissance de l'Etat de Palestine dans une dynamique utile", apprend-on. "Dans cette perspective", le président français "a rappelé le soutien de la France à une Autorité palestinienne réformée et renforcée, en capacité d'exercer ses responsabilités sur l'ensemble des Territoires palestiniens, y compris dans la bande de Gaza, au bénéfice des Palestiniens". "Face aux propagateurs de haine et aux mouvements terroristes, il était d'autant plus urgent de relancer les efforts de paix et de mettre fin à l'ajournement systématique de la mise en œuvre de la solution des deux Etats et de l'établissement d'un Etat palestinien", affirme la présidence française.
Pas de "précondition" à la reconnaissance d'un Etat palestinien
Lors de cet entretien Mahmoud Abbas a fait état de "l'engagement" du gouvernement palestinien "en faveur de réforme" et appelé les "pays européens qui n'ont pas reconnu l'Etat de Palestine à le faire", ont indiqué ses services dans un communiqué. Trois pays européens, l'Espagne, l'Irlande et la Norvège, ont officiellement reconnu mardi un Etat de Palestine dans le but affiché de faire avancer la paix, une démarche qui a provoqué la colère d'Israël.
Mais alors que faut-il comprendre de cet appel ? De sources Elyséennes, on indique que cette demande de "réformes" de l'Autorité Palestinienne n'est en aucun cas une sorte de "précondition" pour que la France reconnaisse un Etat Palestinien. Tout le problème étant de savoir si on attend qu'il y ait effectivement une solution à deux Etats effectifs pour reconnaître celui de Palestine ou si la France estime qu'une reconnaissance formelle d'un Etat embryonnaire pourrait donner de l'élan et un minimum de contenu à cette fameuse solution à deux Etats.
Si la crédibilité de l'administration de Mahmoud Abbas est aujourd'hui sérieusement en berne, y compris chez les Palestiniens eux-mêmes - les gouvernements de Benyamin Nétanyahou s'étant par ailleurs ingéniés à lui savonner la planche -, il est difficile de croire que l'Autorité Palestinienne ait les moyens aujourd'hui de se réformer sans une aide extérieure, en terme technique, financier, sécuritaire et même administratif. À cet égard, la reconnaissance formelle d'un Etat palestinien pourrait être un premier pas.
La France avait d'ailleurs voté pour une résolution allant dans ce sens au conseil de sécurité de l'ONU en avril dernier, avant que les Etats-Unis n'opposent leur veto. L'argument de Washington : pas de reconnaissance d'un Etat Palestinien tant que les parties au conflit ne se seront pas entendues entre elles.
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