: Reportage En Israël, à Ashkelon, les écoles ont rouvert pour la première fois depuis les attaques du Hamas
Pour entrer dans cette école d'Ashkelon, une ville située à huit kilomètres de la bande de Gaza, il faut passer de nombreuses portes en acier fermées à double tour. Malgré tout, les établissements scolaires ont rouvert leurs portes aux enfants depuis dimanche 26 novembre. C'est la première fois depuis l'attaque du Hamas et c'est le signe d'une détente perceptible, côté israélien. 17 nouveaux otages ont été libérés dimanche en échange de prisonniers palestiniens lors du troisième jour de trêve entre Israël et le Hamas. Cette trêve pourrait d'ailleurs se prolonger à en croire les déclarations des deux parties.
Dans cette école d'Ashkelon, les enfants ne sont pas autorisés à jouer dans la cour de récréation et les enseignements sont dispensés au sous-sol dans des espaces blindés. "Je suis heureuse de revenir à l'école, reconnaît Yaëlle, 6 ans. Pendant plus de 50 jours, je n'ai pas fait grand chose. J'ai joué avec ma maman, j'ai passé du temps avec mes grands-parents dans l'abri. C'était difficile pour moi et ma mère". Yaëlle n'en dira pas plus. À côté, il y a David, 7 ans, qui lui a du mal à s'endormir. Il n'arrive à trouver le sommeil que vers 22h.
Le directeur de l'école, Lior, accueillait 300 enfants avant la guerre, ils sont 19 pour cette reprise des cours. Pour commencer, il y a uniquement des activités ludiques. Un clown par exemple est venu, des animaux sont aussi entrés dans l'école. "Ça a été très traumatisant pour les enfants. 1 400 missiles ont été tirés sur notre ville. Ça a été vraiment très dur ces dernières semaines et c'est pour ça que nous proposons ces activités qui leur font du bien", indique Lior.
Une enseignante explique qu'elle a observé certains enfants faire des armes avec des Lego, ce qu'elle n'avait pas vu avant la guerre. C'est une manière d'élaborer une émotion que seuls les professionels peuvent diagnotisquer. "C'est une population qui est sous traumatisme", analyse Karine Smotriez, psychologue clinicienne pour enfants et adultes à l'hôpital Ichilov de Tel-Aviv.
"On ne peut même pas parler de post-traumatisme parce qu'on est dans le traumatisme"
Karine Smotriez, psychologue clinicienne à Tel-Avivà franceinfo
"Il y a une recrudescence d'angoisses de séparation. Des jeunes enfants ont du mal la nuit. La population sait que s'il y a un abri, ça va. Sauf que là, l'abri n'abrite plus puisque la porte est ouverte, fracassée. Il y a des tirs. Les parents ne peuvent plus protéger l'enfant et je pense que c'est ce sentiment de sécurité primaire qui est parti en éclats", poursuit-elle.
Que la trêve se poursuive ou non, des milliers d'enfants israéliens devront être suivis, d'autant que l'attente et les tractations concernant les otages ne font que renforcer ce traumatisme.
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