Reportage Guerre au Proche-Orient : "Les familles ici ont toutes fait l’expérience des blessés et des morts", s'inquiètent ces habitants du Sud-Liban
Ces dernières 48 heures, la crainte d’une escalade entre Israël et le Liban secoue le Proche-Orient. Après la frappe ayant tué 12 enfants dans une province du Golan occupée par l'État hébreu, les tensions sont à leur maximum. Les autorités israéliennes accusent le Hezbollah et promettent une riposte d’ampleur. La situation inquiète les populations du Sud-Liban, qui vivent sous influence de la milice chiite et sont prises au milieu des échanges de tirs.
À quelques kilomètres de la zone d’affrontement, près du village de Jmaijmeh, c'est un amas de décombres. Des familles sont réunies près de maisons en ruine. Zeina, âgée de sept ans, a assisté la veille à une frappe israélienne : "Nous avons entendu des bruits comme des missiles et des bombes. Quand on est venu ensuite, ici, dans le quartier, on a vu tous les gens morts et les blessés..." La frappe a tué deux combattants du Hezbollah, mais a blessé de nombreux civils du village.
Dans une maison voisine, un autre enfant est blessé. Mohammad montre à ses proches la vidéo qu’il a filmée pendant l’explosion. Son père, Amer, affirme qu’il continue à soutenir le Hezbollah. "Je suis certain que les gens ici au Sud ne soutiennent pas tous les mêmes partis, et sont d’ailleurs souvent en désaccord sur les questions de politique nationale. Mais les familles ici ont toutes en commun d’avoir fait l’expérience des blessés, des morts… Notre culture de la résistance traverse absolument tous les foyers ici."
"La libération s’est faite grâce au Hezbollah et les gens n'oublient pas de lui donner ce crédit."
Amer, civil du sud du Libanà franceinfo
Le Hezbollah, dernier espoir pour une majorité de civils
La milice chiite se pose en dernier rempart auprès des populations civiles, dans un Sud-Liban abandonné par l’État. Pour de nombreux Libanais qui ne soutiennent pas la vision politique du Hezbollah, sa présence est un moindre mal. La milice chiite a forgé sa réputation depuis les années 80, et s'est créée en opposition à l’occupation israélienne. Le Hezbollah se nourrit aujourd’hui de ce traumatisme auprès des populations. Amer en est témoin : "Il ne faut pas oublier notre histoire. La résistance, c'est la chose qui a libéré notre terre."
Pendant que la famille discute, une frappe aérienne touche la colline voisine : "C'est mon village, c'est mon village !", s'inquiète un homme. Dans cette région marquée par l’histoire, le conflit ne laisse aucun répit aux populations civiles. Et l'idée d'une escalade violente paraît vertigineuse.
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