Reportage "J'ai peur de sortir de l'hôtel" : dans le sud d'Israël, l'inquiétude des habitants déplacés à cause de la guerre
Plus de 120 000 habitants du sud d'Israël errent d'hébergement en hébergement depuis l'attaque du Hamas, le 7 octobre dernier. Mimi est l'une d'elle et tente de gérer ses cinq petits-enfants, qui depuis des jours courent et passent le temps à travers la douzaine d’étages de ce vaste hôtel. "C’est très dur", dit-elle. Au rythme des alertes, il faut s’abriter : "Tout le monde crie, il faut chercher les cinq enfants"
Pas question pour Mimi de retourner dans sa maison et celle de sa famille, dans le Sud israélien. Même mettre un pied dehors, à Ashdod, à 20 kilomètres de Gaza, lui semble trop difficile. "J'ai peur de sortir de l'hôtel, cela fait deux semaines que je n'ai pas vu le soleil, j'ai peur", confie-t-elle.
Car Mimi est convaincue que l’attaque du Hamas du 7 octobre n’est pas terminée. "Je pense que qu'il y a toujours des terroristes dans le pays, ils vont sortir à un moment et je ne sais pas ce qu'ils vont faire". Il n’y a plus eu d’incursion depuis des jours, mais la psychose est là. "J’ai peur donc je vais chercher un appartement ici, même si je loue", poursuit Mimi. Le plus en hauteur possible, pour se protéger.
"Tout Israël est comme ma famille"
Dans l’hôtel où est hébergée Mimi, il y a énormément de militaires et de réservistes, qui dorment là eux aussi. "C'est rassurant", confie la grand-mère de cinq petits-enfants. Et pour tenter d’apaiser les traumatismes, Ruth est venue ce soir-là en anonyme pour apporter de grands cartons de jouets pour les petits. "Parce qu’ils sont nos frères, nos sœurs, dit-elle. Tout Israël est comme ma famille. C’est dur pour les enfants. Ils sont agités, perdus. Que Dieu nous vienne en aide !"
Tout ça est provisoire, Mimi le sait bien. "Je pense qu'à la fin de la semaine c'est fini, c'est beaucoup d’argent". Pour l’instant, l’État paye ces chambres d’hôtel pour les déplacés. Mais jusqu’à quand ? "On va chercher, je ne sais pas où on va aller mais nous, on ne peut pas rentrer", avertit Mimi. Elle s'interroge surtout pour l'avenir. "Je ne sais pas comment on peut pardonner une chose comme ça. On a perdu la confiance. Ils nous ont fait très mal", lâche-t-elle. Comme beaucoup de déplacés, Mimi met désormais tous les musulmans sur le même plan. Mais elle dit prier pour qu’il y ait la paix.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.