: Reportage La Cisjordanie s'enfonce dans la crise : "Le peu d’économie que les gens avaient, c’est terminé"
Dans les territoires palestiniens occupés, la situation économique est de plus en plus catastrophique. Les Palestiniens qui travaillaient en Israël n'ont plus de permis, plus de salaire depuis deux mois et le début de la guerre avec le Hamas, aucune indemnité de chômage ne leur est versée. Les autres sont pour la plupart employés par l'Autorité palestinienne, qui siège à Ramallah. Mais celle-ci peine à verser les salaires, dans un contexte de récession où la production économique s'est effondrée de plus d'un tiers au cours du mois qui a suivi le début de la guerre. Dans ce contexte, la Cisjordanie s'enfonce dans la crise.
Comme les 130 000 Palestiniens de Cisjordanie qui travaillaient en Israël, Tarek, père de famille, a vu son permis de travail révoqué. Ouvrier du bâtiment, il s’enfonce dans les dettes, ne peut plus payer ses factures et n'a plus aucune source de revenus : "Franchement, depuis plus d'une soixantaine de jours, la situation économique est intenable : je n’ai plus de travail. Et le peu d’économie que les gens avaient, c’est terminé, il n’y a plus rien. Ceux qui ont de l'or, de leurs femmes par exemple, ils l'ont vendu. Vraiment, c'est très, très compliqué."
22 millions d'euros de pertes chaque jour
Comme ce travailleur, beaucoup n'arrivent plus à boucler les fins de mois. Sans compter l’effet boule de neige sur toute l’économie palestinienne. Mohammad est le propriétaire d’un petit supermarché : "Avant, nous n'avions pas trop de problème à faire crédit. Mais là, nous avons dû fixer une limite. Parce qu'on ne peut plus prendre un crédit par-ci, un autre par-là, encore un ensuite. Alors qu'avant, on n'avait aucun souci à aider les gens, on savait surtout que les travailleurs étaient payés à la fin du mois. Mais là, vraiment, il n'y a plus d'espoir."
Avec les restrictions de mouvements et de déplacements, les salaires non payés des fonctionnaires palestiniens et la perte d’emploi de tous ces travailleurs qui avaient l’habitude de se rendre en Israël, c’est une "catastrophe", explique Ubai al Abudeh, directeur de Bisan, une organisation de défense des droits économiques et sociaux : "Nous parlons ici de perturbations majeures de la vie, et d’un impact conséquent sur l’économie palestinienne, évidemment. Mais tout ceci semble minuscule quand on voit ce que les gens doivent subir à Gaza, parce que ce qui se passe là-bas, c’est le génocide du peuple palestinien." D’après le ministère palestinien de l’économie, les pertes s’élèvent à environ 22 millions d'euros par jour.
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