Reportage "Si j'arrête, ce sera comme si le mal avait gagné" : en Israël, Izhar Yaari aide les enfants palestiniens atteints d'un cancer à passer la frontière pour recevoir des soins dans les hôpitaux

Depuis l'attaque du 7 octobre, l'homme de 74 ans poursuit sa mission au sein de l'association "Road to recovery" pour accompagner des enfants palestiniens atteints d'un cancer dans des hôpitaux israéliens.
Article rédigé par Thibault Lefèvre
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Izhar dépose les malades devant l’hôpital Sheba à Tel Aviv, photo d'illustration. (NIR KAFRI / AFP)

Avant le 7-Octobre, Izhar Yaari aidait des enfants de Gaza atteints de cancer à traverser la frontière pour recevoir des soins dans les hôpitaux israéliens. Le jour du massacre, les exactions se sont arrêtées aux portes de son kibboutz de Gvulot, à une dizaine de kilomètres de l’enclave. Il a perdu beaucoup de proches. Mais malgré le drame et les traumatismes, à 74 ans il continue à aider des Palestiniens malades, en tant que bénévole de l’association "Road to recovery". À Gaza, c’est désormais impossible, alors il s’est tourné vers la Cisjordanie occupée.

Ce matin-là au checkpoint de Tarqoumiyah, à 40 kilomètres au sud de Jérusalem, Izhar retrouve un adolescent et un petit garçon sur un parking du côté israélien, juste après le point de contrôle. "Ce sont deux enfants. Le premier a 15 ans et l’autre 5 ans." 

Ils s’appellent Atya et Mohammed, ils sont Palestiniens. Tous les deux atteints d’un cancer, ils sont accompagnés par leurs parents. Une heure de route plus tard, Izhar dépose les malades devant l’hôpital Sheba à Tel-Aviv. Sa mission s’arrête là.

"Nous sommes du côté du bien"

"L’ancienne otage Odette Lifshitz, dont tout le monde a entendu parler en Israël, était animatrice dans mon mouvement de jeunesse, raconte Izhar. C’est aussi une amie avec qui j’ai travaillé. J’ai aussi travaillé avec son fils. Je connais toute la famille là-bas. Amiram Cooper, les personnes âgées du kibboutz de Nir Hoz, je les connais pour avoir fait des projets avec eux. J’avais aussi de bons amis parmi les victimes assassinées. Surtout dans le kibboutz de Beeri. Mais si j’arrête d’aider les Palestiniens, alors ce sera comme si le mal avait gagné. Et nous, nous sommes du côté du bien."

Atya (à gauche) est en rémission. (THIBAULT LEFEVRE / RADIOFRANCE)

Atya, l’adolescent, est depuis quelques mois en rémission. Mais son père Zyade l’accompagne toujours à l’hôpital pour des contrôles. Ils rentrent ensuite ensemble à Hébron, la grande ville du sud de la Cisjordanie, en partie occupée par des colons israéliens : "Les Israéliens sont ici différents de ceux qu’on a là-bas dans les colonies. Si cet enfant ne voit que des colons, il va finir par haïr les Israéliens. Mais quand il vient ici et qu’il voit de bonnes personnes, comme ce monsieur dans la voiture, il va se dire qu’il y a des gens bien en Israël." Atya acquiesce et précise qu’à l’hôpital, les Israéliens sont aussi là pour aider les Palestiniens, et surtout, qu’ils les respectent.

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